Après deux séances de fractionné court sur 5km et trois séances de fractionné long sur 7km cette semaine, je me rends compte sans surprise aucune que ce retour sur la piste de mes stades fait un bien fou à mes articulations, moins sollicitées que sur le bitume, je retrouve mes marques. Quoi de mieux en ce samedi travaillé que de faire le tour de mes trois stades en mode tranquille pour assurer une petite sortie longue à l’heure de la pause déjeuner, dans l’attente du week-end. Je sors à 13h en me disant que je vais forcément traîner de la patte, 6 jours travaillés, 6e séance. Or il se passe quelque chose d’improbable dès le moment où je sors et que le soleil m’inonde, dès le premier kilomètre vers le stade de 300m je sens une énergie nouvelle me transporter et surtout, je ne sens pas cette fatigue chronique au niveau du bassin, comme si les semelles que je porte maintenant depuis deux ans sur différentes chaussures faisaient effet enfin pour apaiser et que, sans m’en rendre compte jusqu’ici, j’avais adopté une posture de course plus efficace. J’arrive au premier stade pour y courir trois kilomètres et je trouve un nouveau souffle de suite, aucun besoin d’ajustement, je me surprends en train de sourire en courant, je n’y crois pas, tellement pas, je retrouve les sensations d’il y a trois ans, lorsque je courrais comme une fusée. Dommage que je sois de corvée aujourd’hui, j’aimerais courir ainsi tout l’après-midi jusqu’à l’épuisement totale, la sensation me renvoie à des souvenirs de course poursuite jusqu’au bout. Je sors du premier stade en me disant qu’au prochain stade, dans un kilomètre, la magie finira. Le soleil m’accompagne toujours et c’est un bonheur de sentir sa chaleur me ressourcer ainsi, j’arrive au stade de 400m en plein match de rugby, je prends tous les encouragements pour moi, c’est toujours moi qui suis en train de pousser la foulée pour qu’elle reste sous les 5mn/km et je ne sens toujours aucun signe ni d’essoufflement ou de douleur, je dois actualiser mon profil, je ne souffre plus en courant, je peux même sortir de ma zone de confort et accélérer encore. Non seulement la surprise de cette énergie soudaine et salvatrice me grise, mais surtout la perspective d’aller au bout de cette sortie pure plaisir en prenant conscience de ce changement me rend légère, j’en arrive à penser qu’il faudrait que je me pèse à la piscine ce soir pour voir. Je continue à tourner sur le stade comme si j’écoutais une chanson en boucle et que je ne voulais surtout pas que le disque vinyle cesse de jouer, j’entends Kungs, Lipstick dans mes écouteurs. Il va bien y avoir un moment où je vais flancher, me dis-je en sortant du stade à grand regret.  J’embraie sur le prochain, le dernier petit stade tout rempli de monde sur la rue Championnet, et je me rends compte dans mon euphorie, sans doute je regarde trop de séries en ce moment, que tous les feux sont au vert lorsque j’arrive pour traverser, j’ai décidé de ne pas m’arrêter, j’escalade le faux-plat vers la butte et j’arrive sur la piste de 250m, je reste ici sur l’extérieur, je ne regarde plus l’heure, aucune contrainte ne pèse plus sur moi, je suis libre et heureuse ici. Maintenant, j’en suis à 11km et il est temps de rentrer sur le dernier kilomètre qui me sépare de chez moi, j’ai couru 4km sur le premier stade, 3km sur le deuxième et ici 2km, un kilomètre sépare très exactement chaque stade l’un de l’autre, je vis à un kilomètre des deux plus proches. J’aime les boucles qui se ferment, les comptes qui tombent juste et les choses qui font signe, forcément cette sortie me parle comme une petite voix qui m’encouragerait à croire en moi. J’arrive devant ma porte quand ma montre sonne le douzième kilomètre. Vive la saison 2022 !

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