Trois semaines que je n’étais pas retournée nager, le tatouage de mon dossard a disparu. Les températures dégringolent dangereusement en ce premier mois d’automne, si bien que celle du bassin m’offre l’occasion de me détendre dans l’eau bien mieux qu’ailleurs. Nouvelle saison, nouveaux objectifs, je veux gagner cinquante minutes sur un triathlon longue distance et sur la base de la dernière épreuve, et pour cela je n’ai pas d’autre choix que de passer un hiver au régime musculation et coaching avisé pour tout changer. L’espace Molitor, depuis le temps que j’entends parler de ce lieu et que je l’envisage, un dimanche je pars à vélo en quête de l’endroit pour le voir en vrai, qu’il sorte de la mythologie dans lequel j’ai enfermé cette sublime piscine ouverte en 1929, bassin extérieur de 50m, avec des galeries tout autour comme la piscine des Amiraux chez moi. J’avais bien raison de partir en repérage, l’adresse indiqué par le gps ne correspond pas du tout à un espace quelconque, je me retrouve au mieux devant un garage et non loin du métro Molitor, je n’ai pas vu la porte Molitor après celle de la Muette, je m’inquiète et je demande à une passante de m’orienter, elle me désigne un point au loin, très loin, de l’autre côté du boulevard des Maréchaux et du périphérique, je reprends donc la route. Il me suffit de traverser à nouveau le carrefour pour reconnaître le point d’arrivée ce jour de canicule à l’ouverture des Gay Games au stade Jean Bouin tout proche, je lève la tête et je découvre face à moi un bâtiment si étrange, tout jaune, que je me sais arrivée. Molitor, le fameux Molitor. L’entrée vers l’espace se fait sur le côté adjacent, je repère. J’y retourne deux jours plus tard, j’ai rendez-vous cette fois, en pleine journée boulot, je me suis organisée pour y aller à vélo également et profiter pleinement de ma visite. J’ai eu le temps d’apprendre toutes les pages du site Internet par cœur, je connais les horaires et les différents menus, j’écoute attentivement les explications en lorgnant sur ce bassin extérieur qui me fait envie, je découvre l’autre bassin, enfin la salle de torture. Au moment de l’éventuelle inscription, et à la surprise de mon interlocutrice, j’ai apporté tous les documents pour finaliser mon abonnement, elle ose me demander si j’ai aussi mon maillot de bain sur place pour commencer à profiter tout de suite des espaces, mais je dois déjà repartir et je me promets d’y revenir la prochaine fois pour rester bel et bien. Trois jours plus tard, il ne pleut pas encore, je gare à nouveau mon vélo dans le trop petit emplacement dédié aux deux roues à côté de la porte, je récupère une carte et suit le chemin indiqué lors de ma visite précédente pour accéder aux vestiaires, je déambule un peu partout dans ce dédale aux innombrables possibilités, j’envisage les scénarios, puis je me dirige vers le grand bassin extérieur et je reste perplexe à en admirer la vue. L’eau est chauffée à vingt-huit degrés, je pars sur 3000m sans me rendre compte de l’effort, consciente de mon bonheur d’avoir trouvé ici mon lieu d’hibernation cet hiver.
Ha oui, cette pratique sportive ressemble bien à tout ce qui n’est pas une sinécure…
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