Après deux cent quatre-vingts kilomètres en quatre séances vélo à travers les dénivelés et sous le soleil de plomb à Lanzarote, et une première base de bronzage, je retrouve Chloé à l’atelier. La figure mythologique du jour est Artémis, j’étais déjà en train de travailler dessus lorsque l’écrivaine m’a invitée à lui proposer un projet de texte plus conséquent, Artémis est la sœur jumelle d’Apollon, je me suis découvert un frère il y a dix ans, il ne m’a fallu plus long prétexte. Il pleut en ce premier samedi du mois de mars, un peu comme l’orchestre qui s’accorde dans une trombe de notes sorties de mille constellations instrumentales jouant pour son propre nuage avant de trouver l’harmonie et offrir enfin l’interprétation tant attendu d’un printemps parfait, j’arrive trempée à la librairie et heureuse de profiter d’un petit nuage pour prendre un café avec elle quand tout le monde est en train de s’installer autour de nous, j’aurais voulu que ça dure. Lorsque Chloé nous présente la figure mythologique du jour, elle met en avant le premier croissant de lune qui accompagne Artémis, un aspect que je n’avais pas trouvé dans mes recherches et qui m’inspire les vers que j’écris dans la librairie avant de montrer mon texte, pour lequel elle me conseille de casser le rythme à deux ou trois reprises, je m’exécute sur place. Et ça fonctionne, je trouve le résultat satisfaisant, mes croissants de lune permettent de respirer. Je pars le lendemain en déplacement professionnel pour toute une semaine italienne dans les Dolomites, une semaine après les 28° à Lanzarote l’hiver me rattrape avec neige et montagne, arrivant à Rome pour deux étapes gastronomiques, je me réjouis de revoir la Villa Médicis visitée en 2018 et que je regarde différemment après ma récente lecture du roman Pauvre folle, le long voyage en train vers Bolzano me permet d’écrire alors que le décor ne cesse de changer à l’extérieur depuis la ville et sa campagne verte puis rocheuse et enfin, les sommets enneigés. La neige tombe en gros flocons silencieux pendant tout le dîner gastronomique à Auerner Hof, impossible le lendemain de refuser la balade en raquettes proposée par l’hôtel, blanc sur blanc. Je suis sur un nuage et j’y reste encore un peu le jour suivant en découvrant l’immense piscine intérieure du Gardena Grödnerhof et sa cheminée en bout de bassin, tout le monde est au spa ou sur les pistes de ski accessibles derrière la Maison, je m’offre quarante longueurs de bonheur. De retour de Milan vendredi, j’envoie dès que je me pose la version finale de mon texte à l’autrice qui fête son anniversaire en ce tout début du Printemps des Poètes, ça ne s’invente pas, et je pars rouler le samedi matin en attendant le verdict, la sortie vélo est organisée par Marion Clignet, devenue championne de France de cyclisme parce qu’on lui a suspendu le permis de conduire et qu’elle voulait garder son indépendance, elle nous présente une nouvelle marque de vêtements de cyclisme conçu pour les femmes, Jelenew pour ne pas en faire la promotion ici, nous arrivons toutes devant le château de Versailles parées de costumes de reines pour la photo. A l’arrivée, je lis le message de Chloé qui m’écris que c’est vraiment de mieux en mieux, royal.

Photo : La Villa Médicis depuis le Palazzo Ripetta, lundi 4 mars.

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