Poèmes au basilic et à l’oreiller #53

j’ai tant adulé la nuit qu’elle m’a anoblie
me remettant les armes 
que je croyais usées
elle a fait couler un bain m’a laissée veiller
enfin m’a mise en garde contre les infidèles
certains renonceraient selon elle à leurs rêves
face au sommeil je n’ai pas fui je l’ai suivi
il m’a emporté loin 
de ma parole consciente
me faisant remonter 
des fleuves de souvenirs
mêlés d’étrangeté 
qui m’était familière
un peu comme quand on remonte en arrière et là
apparaît le démon
comme surgi de la nuit
le regardant en face
c’était moi dans la glace

Photo : Wilfredo Lam, "Jungle", 1947.

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