Je n’ai pas senti tout de suite opérer la transformation du dramatique en chromatique, j’ai ressenti une paix profonde sans savoir tout d’abord d’où elle pouvait provenir exactement.

J’ai des envies d’orange sanguine. J’ai des envies d’ailleurs, d’aller voir ailleurs tiens, par exemple de voir la Terre depuis la Lune.

Je marche sur ce sol lunaire, je continue à marcher derrière elle, qui donne le rythme. La vie peut se réveiller d’humeur grise, vaciller entre la timidité d’une éclaircie, l’attrait d’un saule pour y pleurer à l’ombre, elle trouvera un ciel noir et d’un éclair explosera. Elle peut aussi, à la tombée de la nuit, venir nous réchauffer de son orangé qui se laisse désirer, et traîner par chapes de nuages aux couleurs chaudes comme des flammes qui ne veulent pas mourir et continuent à brûler sans faire le moindre mouvement lorsqu’on les fixe du regard. La grande magicienne se retourne rarement, je guette le moment où je peux capter une expression de visage significative et que je pourrais interpréter à ma guise, j’observe les traits de son profil, je suis la forme mouvante de son ombre. Elle a attaché ses cheveux face au vent, sa nuque est dégagée comme le ciel au-dessus de nous, seul repère de couleur, un bleu vif, pour nous rappeler notre présence terrestre plutôt qu’ailleurs sur un autre astre de la galaxie, tant le reste du paysage détonne et n’en finit pas de nous étonner à chaque nouveau tournant, c’est une invitation à explorer une dimension inédite et dont nous n’aurions ni la clé ni le plan pour en sortir.

Le vent est assourdissant, les cratères vertigineux, je suis comme en apesanteur, j’évolue par saccades après m’être concentrée sur le prochain pas non sans une certaine intensité car à la moindre faiblesse je pourrais bien me retrouver éjectée sur la planète Pluton, je suis sur le fil.

Une palette de sensations se diffuse en moi et déverse ses nuances dans mes veines, ce n’est plus un seul et même sentiment qui m’habite et m’aurait, dans d’autres circonstances, enfoncée d’un coup d’un seul et sans répit, mon cœur balance entre une nuance et son contraire et ne cesse d’être bercé par cette mélodie aux inspirations délirantes, désarticulée et déliée comme un rayon de soleil qui s’étirerait de tout son long entre le passage de nuages.  Plus je prête attention à cette mélodie et plus elle s’enrichit de l’attention que je lui porte, à croire qu’elle rougit elle-même en modulant à chaque fois sur une tonalité différente, et cela se joue le plus souvent à un demi-ton près, tout en s’essayant à un autre ton à la fois plus clair, plus léger, moins engagé, avant d’opter pour une nouvelle inclinaison vers des tendances plus graves, plus proches que jamais de la source et tout aussi tâtonnantes dans leur apparition. Une par une j’ai vu les couleurs décliner chemin et lumière moi qui jusqu’ici restais aveuglée.

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