J-6. Longchamp, le retour du lundi au soleil, enfin pas sous le soleil exactement. Disons que la sortie commence plutôt bien, ciel dégagé et circulation à peu près fluide aux portes de Paris, j’imagine même que les nuages qui se dessinent entre la verdure de la magnifique allée de Longchamp pourraient être des montagnes au loin. Je suis en Suisse. Il n’y a pas un chat à l’hippodrome, je me paie même le luxe d’entraîner un cycliste dans ma roue sur deux tours, je l’entends souffler derrière moi sur le faux plat, je me régale. Puis sur le retour, je perds une vis en déclipsant à un feu rouge, il ne doit plus m’en rester beaucoup au pied droit, je m’étais promis de réviser mes chaussures avant le départ, j’en suis là de mes réflexions au prochain feu rouge quand mon pied reste coincé. La chute, la cale reste dans la pédale, j’ai le temps d’apercevoir un petit tapis de pelouse. Je crois même avoir eu le temps de penser tiens ce serait pas trop mal de chuter à cet endroit, l’herbe a l’air propre et puis il n’y a pas trop de monde, pour une fois je ne vais pas me donner en spectacle, la seconde d’après j’étais par terre face aux voitures au feu. Pas n’importe quel feu, celui qui délimite la superbe allée du chaos de la porte Maillot, un peu comme la porte du Paradis à l’aller et la porte de l’Enfer au retour, et là il a plu. Il s’est mis à pleuvoir comme si le diable pleurait de rire et l’orage s’est mis à gronder. Impossible de visser à nouveau la chaussure sur la cale faute de vis, j’ai ramené mon vélo à la maison et non l’inverse, une personne m’a demandé sur le trajet si j’avais crevé, non c’est moi qui suis crevée et qui aimerais profiter moi aussi d’une soirée foot à ne rien faire d’autre que hurler sur les joueurs et crier victoire comme si c’était la mienne !