Et lorsque je rentre essoufflée et satisfaite, je me sens vidée et prête à construire quelque chose de différent sur cette nouvelle base épurée, comme une case départ dont je ne sais pas encore qu’elle deviendra une obsession à chaque étape, après chaque coup, chaque blessure. L’épuisement devient le seuil d’une possibilité d’éveil à autre chose, forcément plus beau, d’abord il faut en finir avec la grande fatigue, aller au bout de cette lassitude à rester la même, pour ensuite pouvoir appréhender les distances à parcourir et évaluer les forces nécessaires. Toutes les longueurs sont à revoir, les formes dans leurs acceptions les plus larges et banales, à commencer par la coupe de cheveux pour les tirer en arrière et voir les traits du visage se creuser jour après jour, il ne me vient pas à l’idée à ce moment encore de les couper court, d’abord je veux les tenir attachés pour faire apparaître une identité derrière cette chevelure, comme si j’étais l’arbre à découvrir derrière la confuse forêt que je n’aurais pas oser pénétrer. Ensuite, je mesure tous les jours combien mon vieux jogging du temps de mon adolescence ne me va plus, il flotte un peu plus à chaque nouvelle sortie, peut-être finirais-je par le perdre tout entier et ainsi retarder le plus possible mon entrée dans le monde adulte puisque je ne sais pas encore sous quelle identité je dois l’appréhender ni à travers quelle apparence me présenter pour trouver ma place dans un monde dont j’envisage les catégories avec méfiance.

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