Après la séance de natation, je décide de rentrer en passant par l’hippodrome de Longchamp plutôt que par l’Arc de Triomphe, je prends donc la direction opposée au trajet habituel et quelques mètres plus loin, un gros panneau m’indique que je ne suis déjà plus à Paris, Boulogne. Je me vois rouler et je me dis, mais qu’est-ce qu’elle fait là, je me vois étrangère traverser Boulogne-Billancourt ou plutôt c’est Boulogne-Billancourt qui me traverse tel un courant d’air. Si seulement cela ne m’arrivait que lorsque je roule, ce sentiment de ne pas être à ma place. Plusieurs rues s’ouvrent sur ma droite mais non, elle continue à pédaler tout droit sur cette rue du château qui n’en finit pas de ne pas mener à un château, je ne comprends pas ce qu’elle fait, évidemment elle n’a regardé aucun plan ni GPS, pourquoi consulter une recette, un mode d’emploi puisqu’on apprend surtout de ses erreurs, tiens un carrefour, pourvu qu’elle tourne. Au bout de la rue du château, je prends sur la droite puisqu’il n’y a pas moyen d’aller tout droit. Et je continue ce trajet à l’aveugle vers un hypothétique hippodrome, parfois ça marche, d’autres fois je me retrouve perdue nulle part, souvent il faut se perdre pour se retrouver, non ? Les rues de Boulogne-Billancourt sont interminablement longues et droites, sans surprise. Miracle, un panneau me signale le parking de l’hippodrome, je m’engouffre dans cet espace ouvert et j’arrive exactement au point où je pensais passer, au niveau du virage le plus serré, quelques cyclistes roulent sur l’anneau mais aucun peloton au moment où je circule juste à côté. Il n’y a pas de petit plaisir, je jubile chaque fois que j’arrive à destination par un autre chemin, c’est comme si j’avais inventé la destination une nouvelle fois, je comprends mieux sa situation. Je repars par les bords de Seine dont les ponts m’indiquent le nom de villes que je longe, Suresnes, Puteaux, Neuilly, Courbevoie, Levallois-Perret puis Clichy, que je traverse avec joie. Boulogne me manque tellement que je repars dans sa direction le lendemain par les mêmes ponts, cette fois-ci c’est Molitor que je veux inventer en arrivant par derrière, chose faite je poursuis mon escapade en direction des quais de la Seine parce que j’ai cette photo en tête de la tour Eiffel depuis les voies sur berge, j’aime cette vue malgré le ciel assez gris aujourd’hui. Photo prise, je poursuis vers Bastille pour la prendre, je tombe sur une mariée, je fais un vœu.

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