Terrasse, je crie ton nom et je m’élance vers toi en ce jour tant attendu de libération ! Ce jour où je reçois un message confirmant officiellement le Half-Ironman des Sables, ce même jour de joie après des semaines et des mois d’incertitude et de morosité totale. Mais quel bonheur de me lever ce matin-là avant le réveil pour courir une boucle dans mon quartier et au-delà, croiser des terrasses déjà remplies à 7h de gens, bruyantes et joyeuses, festives et inventives, la terrasse est devenue l’agora où faire entendre sa voix. J’ai le sourire aux lèvres et les larmes qui me montent aux yeux, je ris avec les gens, pour une fois on prendrait presque plaisir à se bousculer tous ensemble tellement l’occasion est belle de grouiller et fourmiller serrés les uns à côtés des autres pour profiter du spectacle, faire partie de cet événement, partager cette journée tant attendue. Mon triathlon est donc confirmé alors que les giboulées du mois de mai alternent avec un vrai soleil de printemps, chaud et réconfortant lorsque la pluie cesse enfin d’un coup. C’est un peu comme si la météo se mettait à l’unisson du Vendée Globe pour me donner un bref aperçu des bourrasques à venir pendant l’épreuve, comme si la pression n’était pas déjà à son comble à présent que mon vélo de course s’est échappé non sans peine du confort de son home-trainer, il demande à sortir et sa fougue me crispe d’angoisse. Il suffit d’un coup de vent sur la piste cyclable pourtant tranquille du canal de l’Ourcq pour que je me retrouve emportée d’un mètre du mauvais côté et face à un cycliste, qu’est-ce que ce sera là-bas me dis-je, le mieux serait encore de tester en bord de mer. Je n’ai pas le temps de me projeter au week-end qui arrive que la pluie s’abat sur moi. Un week-end prolongé en bord de mer puisque la piscine ne veut définitivement plus de moi, je me retrouve par trois fois devant une porte close en une semaine, mouvement syndical ou entraînement des clubs, voire aucune raison et je me dis que c’est un signe. Nager moins mais nager mieux et en eau libre, travailler l’endurance en course à pied, et par-dessus tout rouler plus, rouler toujours plus, ne plus rien faire d’autre que rouler. Le soir de ce même jour de libération de toute distanciation physique, ou quasiment, alors que tout le monde se rue vers les terrasses, je m’élance vers le canal, la lumière est superbe, elle me surprend par son éclat, le rendez-vous est fixé au Paname mais je n’ai aucune envie de me poser encore, nous prenons la direction du Marais, juste pour voir. J’ai envie de rouler à toute allure, je jubile intérieurement et je crie tout ce qui me vient par la tête en passant devant ces rues que j’ai arpentées tant de fois vides et délaissées, c’est la vie qui explose à chaque nouveau virage, au détour d’une nouvelle rue animée. Le cœur du Marais résonne dans ma poitrine, j’ai l’impression de reconnaître des visages et des éclats de rire en passant devant mes terrasses préférées, ressuscitées par miracle. Nous rentrons à vive allure pour arriver sur ma petite place noire de monde, où je tombe dans les bras de ma serveuse préférée, tout le monde est là, la fête peut reprendre, enfin.

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