Premier jour de printemps, quelle tristesse. Je ne suis pas seule à l’avoir imaginé autrement. J’ai rêvé de sorties au soleil, de balades à vélo à deux au bord du canal et jusqu’à la Marne, j’aurais voulu envisagé toutes les terrasses du quartier et sa terrasse à elle en toute intimité, mais au lieu de ça l’urgence est au confinement et au premier jour de la saison des amours, j’ai décidé de ne plus sortir courir pour respecter la règle des sorties en cas de nécessité only. Premier soir de déprime, première nuit agitée avec des rêves de survie, premier matin d’hiver, certes un hiver plus chaud que la saison habituelle, plutôt un hiver intérieur, au cœur de soi. Quels sont mes véritables besoins, au-delà du sacro-saint nécessaire, sinon de rester humain encore plus que vivant, rester connecté à l’autre et être présent, en ce moment je fais défaut et je m’en veux de donner la priorité au travail et donc aux besoins primaires de survie. L’essentiel est ailleurs. L comme long, je l’envisageais plutôt dans un rapport à l’effort physique, celui du triple effort dans le cadre d’un triathlon longue distance, je n’aurais jamais cru que ce titre s’appliquerait un jour à un confinement lié à la propagation mondiale du virus. A défaut de sortir dehors, je me mets hors de moi, je tourne en rond et m’en veux de ne pas savoir quoi faire, j’ai du mal à trouver le sommeil, je gamberge. Puis, le sommeil me trouve. Et avec lui la raison, je suis chez moi. Et je suis bien avec moi, nul besoin d’aller chercher un conflit ailleurs alors que la lutte doit se concentrer contre la propagation du virus, uniquement. Je m’exile au Danemark, je pars dans les sphères mystérieuses des forêts en Suède, des heures entières les souvenirs de mon séjour au Nord, et son contexte particulier et plutôt stressant, viennent se mêler avec les séries qu’Arte me propose, les images me font voyager loin d’ici. Lorsque je reviens, c’est pour mieux me connecter aux gens et partager nos expériences intra-muros, on me donne raison, la question ne se pose même pas, restons solidaires, tout ira bien.