Nadège Night & Day #52

Je suis rentrée à 17h, ma montre m’a indiqué dix-sept mille pas et ma boussole interne la joie, j’ai lu Marguerite Duras et Yasmina Reza, Anne Wiazemsky aussi, que je connaissais si peu. Cette semaine, les deux avant-premières auxquelles j’ai assisté m’ont amené la première vers demain, « Le monde après nous » de Louda Ben Salah-Cazanas, que je croise dans les marches pour remonter vers les quais, il a dit en début de séance son émotion de présenter son premier film largement autobiographique dans la salle de cinéma qu’il a tant l’habitude de fréquenter, son regard, quand je le capte, est celui d’un fou furieux hystérique de joie et fier, c’est jouissif. L’autre avant-première m’a conduit vers le passé en présence du réalisateur Hélier Cisterne, d’après le roman de Joseph Andras, dont je me souviens que l’écrivain avait refusé le prix Goncourt du premier roman, je retrouve la phrase exacte et je la trouve plus forte que tout : « la compétition, la concurrence et la rivalité sont à [s]es yeux des notions étrangères à l’écriture et à la création. » C’est autrement plus jubilatoire encore de relire, capter la justesse de ces propos. Réveil à 7h en ce dimanche où l’on change d’heure, j’ai le dossard 97 pour ce triathlon XS de mon club auquel je ne participe pas pour laisser à ma fracture de fatigue le temps de cicatriser, j’aurais pu nager les 300m et rouler sur le vélo d’appartement les 6km aussi, mais pas courir. Je ne sais ce qui, de la douleur ou de la peur de la douleur, me retient au bout de six semaines, j’opte pour la sagesse parce que le programme de cette saison est conséquent, je reste bénévole. Comme pour beaucoup de nageurs, la piscine Georges Hermant est l’une de mes préférées et je la découvrir aussi calme un dimanche matin me ravit, j’accueille les triathlètes par vagues successives au bord du bassin toute la matinée pour régler les vélos, gérer le chrono, encourager. Et je sens bien lorsque je nage un peu plus tard dans mon bassin que j’ai une revanche à prendre.

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