Nous sommes le 22 et je pars à 11h11 après neuf heures de sommeil tout pile, à la minute près, d’un sommeil vacancier plus réparateur que jamais, le soleil est levé depuis un bail, elle aussi. Le trajet à vélo n’est pas forcément moins agréable à cette heure-ci qu’à six heures du matin, sinon que les livraisons sont en cours et les portières des camionnettes s’ouvrent un peu partout, je dois slalomer entre les bus aussi en ce lundi matin mais les trottinettes ne sont pas de sortie. J’arrive devant Molitor au moment exact où ma montre sonne les dix kilomètres, la perfection, et je constate sans surprise qu’il n’y a pas grand monde dans le bassin extérieur, pour une fois je prends l’une des lignes au milieu plutôt que de rester sur le côté et je commence à nager lorsque j’identifie bonnet violet d’un triathlon longue distance, le nageur prend la ligne à côté. Il nage un crawl posé dont l’allure puissante et régulière semble pouvoir le porter sur des heures sans s’arrêter, je continue à nager à mon rythme, sauf que le triathlète se retrouve je ne sais comment à ma hauteur sans me doubler, nous pourrions presque converser par signes sous l’eau mais j’opte pour une accélération en me disant qu’elle va me coûter en endurance et que je vais finir par me faire doubler très vite, pourtant je relève le défi et m’efforce de garder le rythme. Sans savoir s’il me tient dans son viseur, sans paniquer non plus, je me concentre plus que jamais sur ma position, mon souffle et mes mouvements, j’essaie de ne pas perdre de temps en fin de ligne comme j’avais tendance à le faire sur les 400m de super sprint pour récupérer. Combien de temps s’écoule-t-il depuis que nous nageons de manière synchronisée, je ne saurais le dire, je suis toujours devant et je sens que ma séance pourrait tirer à sa fin, vérification 2500m. Je laisse le nageur progresser, sans doute vise-t-il à cette allure de mercenaire un joli 5000m. Le coach vient vers moi alors que je sors de l’eau, il me demande comment s’est passé Deauville, si j’ai des courbatures et quel est mon programme, je lui détaille ma séance de natation précédée et suivie de 20km de vélo avant de finir par un petit tour de pâté de maison. Il m’encourage à « continuer comme ça », un peu comme si j’avais son aval pour en faire autant que je veux en cette semaine de vacances, ce que je m’empresse de raconter en envoyant une photo de mon thé brûlant depuis le bord du bassin, une fois rhabillée, accompagné de mille baisers, elle m’encourage elle aussi à « continuer comme ça », je prépare donc d’autres baisers. Mieux, je lui envoie le tracé de ma course à pied en forme de cœur, pour conclure ce triathlon. Elle a sa théorie pour m’aider à gagner ces sacro-saintes cinquante minutes sur un triathlon long, plutôt que de gagner une demi-heure sur le vélo, dix minutes sur la natation et dix autres sur la course à pied, il me suffirait de changer de matelas, boire beaucoup plus et me reposer. En appliquant à la lettre ses préconisations pendant tout le week-end, je profite d’une forme olympique pour aborder cette semaine de vacances ensoleillé, le cœur léger je m’endors au ciné.

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