Concert de la chorale, depuis quand la chorale n’a-t-elle pas donné de concert, trois éternités. Plus précisément, le 8 mars 2020, je n’y étais pas pour cause de week-end en Bretagne, pas plus qu’à la course pour l’égalité, une semaine avant le confinement généralisé dans l’Hexagone, j’aurais adoré y être, nous ne le savions pas encore mais ce fut le dernier concert avec Marielle, la créatrice de la chorale, mutée selon son souhait ailleurs, je ne pensais pas vraiment continuer. Puis Albane, notre nouvelle cheffe à l’énergie positive, a insufflé un nouvel élan aux choristes, c’est ce soir notre premier concert avec elle, à l’occasion de la journée contre la violence faite aux femmes, nous avons obtenu la date au Bar’Ouf au dernier moment, tout le monde est excité. J’ai achevé ma première série de triple effort par vingt minutes de musculation, avant d’aller m’allonger sur un transat au bord du bassin intérieur, il y faisait bon et le clapotis de l’eau m’a bercé, toujours pas plus d’un nageur par ligne comme s’il s’agissait d’une règle d’or partagée, je suis bercée et me rends compte que je commence à somnoler comme cela m’arrive sur mon île après avoir nagé, je me sens aussi paisible que lorsque je suis là-bas, tout est si incroyable. Le mercredi est une journée de récupération totale et de détente à deux, depuis le réveil tardif jusqu’au concert, j’ai prévu ma visite de Montmartre sans savoir que le petit passage de l’hôtel Particulier est ouvert, nous nous y engouffrons au risque de rester enfermées et l’idée me plaît, les rues se sont parées de sapins comme s’il avait plu des conifères toute la nuit, les boutiques installent leur décoration de Noël au moment où nous nous promenons, c’est fait exprès ou alors l’environnement me semble en parfaite harmonie avec elle et moi, cela définit mon état d’esprit. Nous arrivons affamées à la Brasserie Barbès dont j’apprends qu’elle a créé son Prix littéraire. C’est elle que j’ai envie de manger, encore et encore, pour tout ce qu’elle m’inspire d’excitation et d’apaisement à la fois, j’admire la force de son caractère et la douce sensualité de sa présence. Le concert approche et avec lui la joie de chanter à nouveau devant un public, ainsi que la fierté de lui présenter cette chorale de femmes si exceptionnelles, au sein de laquelle j’ai réussi à me faire une place au fil de son évolution, ce soir la nouvelle cheffe nous offre son premier concert. A la sortie de notre séance de cinéma, elle part se balader de son côté pendant que je retrouve les autres pour un rapide échauffement, nous repartons à 20h15, habillées de nos t-shirt griffés, elle est installée au bar et la salle s’anime à notre arrivée, nous nous installons tout de suite sur la scène aménagée et la cheffe fait son discours de présentation, le public du bar est attentif. Nous chantons avec cœur et enthousiasme notre air des Indes Galantes, puis Zazie que j’ai chantée ici en karaoké, ensuite la messe créole qui remporte un succès fou, enfin le joli Youkali. Le bar est plein à craquer et personne n’a bougé pendant que nous chantons, on nous réclame un dernier morceau, nous saluons et je m’empresse d’aller trinquer, mon cœur prêt à exploser.