Il y a trois ans, je participais au marathon des Gay Games, dans trois ans auront lieu les JO à Paris. En 2018, j’ai même pris le départ de trois marathons, un premier en avril, le traditionnel marathon de Paris qui court d’un bois à l’autre en passant par les quais à partir des Champs, puis le marathon des Gay Games qui avaient lieu à Paris cette année là où j’ai rejoint mon club, enfin le marathon d’Athènes sous l’impulsion de ce même club, les Front Runners de Paris. Deux marathons au moins sous le signe de l’olympisme, l’un pour sa politique inclusive et la chance qu’il donne à tous de participer à une épreuve quel que soit son niveau, faire un podium ; l’autre pour sa destination à l’origine des épreuves olympiques et de la distance d’un marathon. J’ai rejoint le club parce que je courrais depuis cinq ans en me blessant régulièrement, soit parce que je courrais trop ou mal, ou bien un peu des deux, rupture du tendon d’Achille, entorse et fracture du bassin, je ne savais pas encore que j’allais surtout y découvrir l’épreuve de triathlon en devant bénévole le premier week-end des Gay Games, il faisait très chaud, l’eau était à 26°. Cette journée de bénévolat m’a marquée davantage que celle de mon épreuve de marathon le week-end suivant, le même jour que la cérémonie de clôture, il me fallait aussi nager et rouler. J’ai pris des cours de natation, parce qu’alors je me croyais une grande nageuse à braver les vagues et les kilomètres chaque été sur mon île de Tinos, en vérité je ne nageais pas le crawl, et j’ai fait l’acquisition d’un premier vélo, Spring, un gravelle mono-plateau pour rouler partout. Partout et vraiment n’importe comment puisque trois jours après le marathon de Paris en 2019, j’inaugure mon nouveau destrier pour une première sortie de soixante kilomètres sur les bords de Marne sans changer de vitesses une seule fois, pas du tout par défi mais simplement par manque de pratique et de bon sens, j’ai donc commencé à pédaler comme je courais, en forçant. Et j’ai appris à nager comme je roulais, en moulinant des bras cette fois plutôt que des pieds, sans chercher à améliorer une technique dont je n’avais pas conscience à quel point elle est essentielle pour progresser dans n’importe quelle discipline plutôt que la pratique acharnée, j’ai bu la tasse et hurlé dans ma ligne de 50m quand tous les autres nageurs me semblaient évoluer avec une facilité qui m’échappait, j’ai persévéré et nagé tous les jours en attendant un déclic. Les déclics n’existent pas ou alors en version microcosmique et qu’il faudrait activer à nouveau dès l’instant d’après pour être certain d’avoir pris conscience du déclic et de profiter de ses bienfaits en ne cherchant plus à comprendre mais juste à se laisser porter et emporter par les progrès acquis à force non seulement de pratiquer, encore et encore, mais peut-être surtout à force de mentaliser chaque mouvement, celui qui précède et celui qui suit, qui devrait suivre un jour sans même plus avoir à y penser, avec une fluidité idéalisée, un gain de légèreté vitale. Dans le même mois de laborieux apprentissage de la nage crawlée, j’ai participé à mon premier triathlon XS, 400m de natation en piscine, 6km de vélo d’appartement installée au bord du bassin, le tour du pâté de maison en mode sprint malgré le dénivelé du quartier de la Mazouïa. J’ai décroché mon premier podium ce jour-là et mon ticket d’entrée pour le stage de triathlon. Si l’épreuve de triathlon olympique avait été ouverte au grand public pour les Jeux Olympiques, à aucun moment je n’aurais douté au moment de faire la queue pendant une heure sous la pluie.

2 réflexions sur “Comment je ne suis pas (encore) devenue championne olympique de marathon #2

  1. C’est pas faux que la technique aide à gagner du temps et à économiser l’énergie dans beaucoup de domaines. Mais il se peut aussi que l’on comprenne mieux sa nécessité qu’au bout d’une chaîne d’efforts quand l’énervement la fatigue et le dégoût provoque une sorte d’éveil 😉 en peinture c’est exactement la même chose …

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