On dit qu’une répétition générale catastrophique est souvent signe d’un concert réussi. On pourrait aussi dire qu’il en va de même pour un entraînement particulièrement laborieux, la compétition aurait tout lieu de se tenir sous les meilleurs auspices et réserver la surprise. Sauf qu’il n’en fut rien le jour du triathlon XS organisé dans le 15e arrondissement, le lendemain d’une séance en palmes que j’ai entièrement effectué sans palmes, avec des lunettes qui avaient décidé de prendre l’eau et un nouveau coach désintéressé par la séance. J’aurais pu m’attendre dans ces fatales conditions à briller lors de l’épreuve du Super Sprint. Certes, j’ai fini troisième de ma catégorie une nouvelle fois, certes j’ai pour la toute première fois nagé mes 300m de crawl sans interruption ni reprise en brasse, certes le parcours de la course à pied était particulièrement glissant et difficile parce qu’il fallait répéter six fois la même boucle sur un stade trempé, avec un départ en labyrinthe comme au passage de douane. Toujours est-il que je pensais faire mieux que lors du premier triathlon XS, j’ai mis deux minutes de plus pour achever ce parcours chaotique, tous les concurrents ont pris 2 minutes. La compétition devait se dérouler à l’origine à la piscine Keller, dans un bassin de 50m, pour une raison qui m’est inconnue l’événement a changé de lieu au dernier moment, le parcours de la course aussi. Je garde le souvenir de mes six allers-retours dans ce petit bassin de 25m. Je retiens également un temps plutôt correct en cyclisme, j’ai appris à mouliner, j’en abuse jusqu’à la descente de vélo, la transition vers la course à pied m’a parue moins compliquée. Pourtant, je ne me suis même pas spécialement distinguée en course, une déception au point que j’en oublierai presque mon état de convalescence, je me remets mal d’une bronchite que je traîne depuis le marathon, mes bronches sont encore encombrées, je me sens toujours vidée. Il me faut prendre mon mal et ma toux en patience avant de retrouver la grande forme, avant de reprendre les entraînements de course à pied surtout, je ne sais pas si je sais encore courir. Aucune sortie longue à mon compteur depuis le marathon, j’ai timidement repris les sorties au stade mais à un rythme très inférieur à ma moyenne et surtout dans un état d’épuisement que je ne me connais pas, je suis aussi essoufflée par un tour de stade que par une ligne de crawl. Je suis épuisée rien qu’à l’idée de faire un tour de stade et de nager une ligne de crawl, mais je suis inscrite à d’autres courses à venir et il va falloir trouver le levier de vitesse en nage et retrouver l’endurance des beaux jours pour prendre plaisir à nouveau aux sorties matinales. Bientôt le 20K de Bruxelles, inimaginable à l’heure actuelle, et bientôt un premier triathlon S. La récupération, ce moment pareil à un temps mort mais aussi vital en réalité que le moindre geste de survie, ce réflexe qui n’en est pas encore un lorsque la machine fonctionne et qu’il n’y a aucune raison de l’arrêter en cours de route, pas d’arrêt sur le parcours, aucun terminus, tout un apprentissage… Mais là tout de suite j’envisage de faire une sortie vélo de 165km.