quatre-vingt-dix jours à traverser les récifs poétiques de proses impromptues
mon vaisseau est rompu
paré à l’amarrage
mais arrive-t-on jamais quelque part
en restant à la surface
suis-je dévastée par les vents ou sauvée par la rime
pauvre victime
aux quatre coins de ma feuille des gribouillis illisibles
qui donc a voulu dire quoi en moi
sinon l’immobilité
elle m’a forcée à sauter par la fenêtre qui n’existait pas
avant de l’avoir ouverte
me voici dans cet ailleurs d’ici
devenir cet autre là
à inventer
j’ai vingt ans ça vient avec le verbe à la fin
dans l’autre langue ma gorge est fermée
comme la fenêtre jusqu’à la nausée
un jour les flots me bousculent
à rebours
le rein me traverse jusqu’à la veine
sujet puis verbe
je compte présent ma voix
à l’aventure
dix vins à goûter jusqu’au jour du festin
jeter l’ivraie garder l’ivresse
savoir de la folie
reconnaître le bon grain
cultiver sa sagesse comme si elle était le fruit du hasard
ou de la souffrance
la liberté d’un étonnement
éternel
et revenir à soi
mais pas seulement
Photo : Picasso par Brassaï, 1960.
Beau texte.
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Merci Joël.
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Je viens de te trouver parce que tu m’as trouvée avant… Belle Isabelle… Amour est ta plume
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Chère Cathia, quel joli compliment. Merci !
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Sublime et touchant.
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