de l’immense démesure je n’use que les semelles
sans me mêler à la tempête dont l’inquiétude 
vient souffler de toutes ses forces contre mon rocher
par habitude je reste de glaise 
attentive 
et ne m’effrite pas mais le socle vacille
j’aimerais qu’un tout petit crabe ou une fougère 
s’accroche à moi pour se rassurer
sans savoir
que c’est moi qui serais comblée d’être choisie 
l’immensité de la vague aussi je savais
j’en ai avalé tous les mots à même l’écume 
pour être la première la seule et la dernière 
à lire dans le ressac au creux même de la phrase
toute l’emphase du silence quand la mer se retire 
personne ne pleure au bord du canal où s’écrivent 
des choses plates et puériles comme l’habitude d’aimer 
qu’elle aimera par habitude sans sourciller 
toutes les rides sur l’eau morte calmeront ma colère 
si j’assiste aux funérailles royales du soleil
une mouette est prise de fou-rire se moquant de moi
que fais-tu encore là à saler le canal
ton espoir est vain la vie cruelle et toi sotte 
l’oiseau s’éloigne enfin me laissant vraiment seule
plus de soleil ni de mer et mon île est loin 
je m’assieds à l’ombre du tilleul 
ses feuilles tombent
si je pouvais partager ma pinte avec lui

Photo : Pierre Soulages, Lithographie, 1969.
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2 réflexions sur “Poèmes au basilic et à l’oreiller #6

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