L’autre rentrée qui est également une sortie est littéraire cette fois-ci, elle concerne la publication de mon recueil de poèmes, celui parmi les cinq envoyés qui me tient le plus à cœur. J’avais déjà connu une rentrée littéraire en janvier 2015 pour ma nouvelle « Le chiffre cinq ». Chose extraordinaire, mon chiffre fétiche continue à me suivre puisque j’envoie à l’éditeur mes recueils le samedi vingt-cinq mars, cinquième jour du printemps, un an pile ou devrais-je dire trois-cent-soixante-cinq jours après mon premier contact avec celle qui me l’aura inspiré. Pile. J’apprends le 5 mai que Son île, dont je dis qu’il est son recueil aussi parce que c’est ainsi que je le sens, est retenu, on ne peut pas être plus aligné sur le cinquième caractère numérique, 5/5. Lorsque la responsable de la communication me fait parvenir la liste des 889 salons littéraires qui se tiennent en France toute l’année, sans me donner plus d’indications sur ce qui est attendu, j’en retiens vingt, comment me suis-je égarée à ce point alors qu’elle revient vers moi de suite pour m’indiquer que cinq salons c’est bien assez déjà, les cinq salons qui me semblent compter, en revanche elle accepte sans broncher ma liste des vingt-cinq librairies où envoyer l’ouvrage. Je ne sais pas vraiment ce en quoi consiste la promotion d’un livre sinon à en parler partout, même à des inconnus pour me présenter, c’est ce que je fais mais une seule fois, la première, à l’occasion d’un Apéro Art auquel je suis conviée, le concept plutôt très sympathique est inventé par Chris, qui officie en maitresse de maison et nous explique, car je ne suis pas venue seule, l’idée de mettre en avant des artistes autour d’une performance et d’un set DJ pour danser aussi, une peintre est en train de dessiner sur le torse nue d’un modèle photographiée par l’autre artiste. DJ Steuph court chez les Front Runners de Paris et son set est fantastique, j’adore cette soirée. Jusqu’ici rien à voir avec le chiffre cinq sinon que je vais croiser cette Chris qui m’était inconnue à cinq reprises presque consécutives, ou comment vriller de promotion à harcèlement. Dès le lendemain, je la retrouve à la soirée des neuf ans du Bar’Ouf, c’est le 09/09, ça ne s’invente pas et je leur laisse leur chiffre fétiche, Françoise Sagan avait le 8, le Bar’Ouf le 9, pourvu qu’on me laisse le 5, cette fois c’est moi qui vais me présenter à la maîtresse de maison de la veille pour éventuellement participer à la prochaine Apéro Art, je lui prends cinq minutes. Elle me demande de lui envoyer le communiqué presse que je viens de recevoir de ma super responsable de la communication, quelle aubaine, dès le lendemain je vais pour le lui envoyer, il se trouve que je ne suis pas chez moi donc j’utilise le numéro de téléphone que je trouve sur la page de promotion de sa soirée, elle réagit de suite en me demandant où j’ai trouvé son 06, si seulement les portables étaient en 05 ce troisième échange avec Chris aurait été plus fluide. Je lui explique que le numéro est affiché publiquement et que je ne vais pas en abuser, reçu 5/5. Quelques heures plus tard seulement, je la retrouve sur la péniche du Rosa sur Seine devant un coucher de soleil magnifique, autant vous dire que pour cette quatrième rencontre je me cache. Ou plutôt je profite tellement de la piste de danse et de mon entourage, et elle de son côté aussi, qu’elle ne semble plus inquiétée par cette intrusion abusive de ma personne dans sa vie sur trois jours consécutifs plus un échange le dimanche matin sur son numéro de téléphone personnel. Qui est-ce que j’appréhende de retrouver le dimanche suivant pour la réouverture du Tango ?

J’arrive une heure après l’ouverture et je suis déjà attendue, quel bonheur de retrouver Johanne, quelle époque que celle où elle mixait dans les lieux qu’elle a tenus à Pigalle, loin du Marais. Depuis le décès de sa compagne Joe, à l’origine de la chanson « Joe le taxi » interprétée par Vanessa Paradis – car pour ceux qui ne le savaient pas encore, Joe le taxi était une femme -, Johanne Gabriel s’est retirée des platines pour écrire l’histoire exceptionnelle de Joe et je ne l’avais pas revue depuis l’époque de la Fox family que nous formions autour de leur bar, le Fox. Les toutes nouvelles platines du Tango semblent résister à Johanne en début de soirée, l’occasion m’est donnée avec le micro de présenter la chorale, here’s your captain speaking… je monte sur la scène, je récite ma tirade en répétant dix fois le nom de la chorale, j’insiste sur le fait qu’il importe peu de savoir chanter très bien comme Gabriel, moins bien comme moi – zut, j’ai dit Gabriel et pas Johanne, tout allait très bien jusque là – pourvu que le plaisir soit là. Je rends le micro à Johanne Gabriel, dont ce n’est ni le nom ni le prénom, qui enchaîne avec un blind test, dix chansons dont elle lance le début, la première qui trouve le titre a gagné un lot. Les chansons s’enchaînent, le public est électrique, je reconnais « Tainted Love » mais une autre crie le nom du groupe avant moi, Soft Cell, et c’est déjà la dernière chanson avant qu’on puisse retourner danser, elle est un peu plus difficile, toute notre concentration est demandée. Une seule note, qui dure deux secondes, je me rue vers l’estrade et je hurle de toutes mes forces NENA, « 99 Luftballons », je crie encore plus fort NEUNUNDNEUNZIG Luftballons, gagné. Le chiffre 9 m’aura donc lui aussi porté chance mais non je reste sur le 5, mon chiffre fétiche. Ce n’est pas comme si je ne m’étais pas fait remarquer depuis le début de la soirée, mon lot et moi-même nous retirons du côté du bar pendant qu’au contraire tout le monde afflue sur la piste, je ne peux ni l’ignorer ni m’échapper alors qu’elle vient vers moi grand sourire me faire la bise, Chris ne semble pas chagrinée de me croiser pour la cinquième fois en quasi une seule semaine. Nous prenons même le temps de parler un peu de sa prochaine soirée qui aura lieu au mois de novembre, au point où j’en suis de me faire toute petite je serais juste ravie d’y croiser à nouveau le talent d’artistes peintres, photographes, graphistes et DJs pour passer une merveilleuse soirée. En sortant du Tango, je m’aperçois qu’une tempête s’est abattue sur Paris comme en plein automne alors que dans mon cœur c’est le printemps, je me fraie un chemin pour rejoindre Réaumur-Sébastopol et récupérer la ligne 4 mais mes pieds m’amènent à République, ligne 5.

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