Ne rien lâcher, je connais cette douleur, j’ai déjà accepté cette même souffrance, notamment lors d’une sortie longue où j’ai continué à courir malgré les sensations désagréables pour finir par ne plus sentir de gêne au bout de quelques kilomètre, je prends ma douleur en patience. Continuer comme si de rien n’était, j’ai beau me dire que c’est dans la tête, je sens comme un étau se resserrer sur l’articulation de genou, me forçant presque à boiter pour éviter l’appui. C’est en peinant que je passe le 25e kilomètre alors que j’avais davantage envisagé les premières difficultés dans le dernier tiers du marathon, il faut que le genou chauffe pour que la douleur passer et que je retrouve une mobilité plus fluide, je lutte pour ne pas marcher. Cette fois, les kilomètres passent moins facilement tandis que nous abordons les quais et les tunnels connus pour casser les pattes dans la remontée, je connais la fin du parcours à partir du 27e kilomètre pour l’avoir couru en reconnaissance le dimanche précédent, c’est un repère. Un coureur du club me reconnaît et viens courir avec moi pour m’encourager juste avant la descente dans le dernier tunnel, je remonte en marchant, le dernier tiers va être très long. J’essaie de ne pas marcher trop longtemps, mais la douleur qui s’est diffusée jusqu’à l’ischio s’apaise sitôt que je marche, c’est l’appui sur la jambe gauche qui est souffrant. Je souffle. Avant le boulevard Exelmans, le trajet est noir de monde, c’est la partie du marathon que j’aime le moins et de fait, je peine à repartir, pourtant il faut que je retrouve ma foulée, au moins un rythme de course qui me permette de finir décemment le marathon, d’en finir vite. Je pense aux pom-poms du club à l’avant-dernier kilomètre, je pense à la ligne d’arrivée et au soulagement dans l’après-midi, une fois rentrée et prête à retrouver la chorale pour la répétition générale avant le concert du soir, je pense aux coureurs du club déjà arrivés. J’arrive à visualiser chaque prochain kilomètre, l’entrée dans le bois de Boulogne et le passage devant la Fondation Louis Vuitton, enfin la dernière boucle, j’alterne marche et course pour éviter la souffrance qui m’aurait néanmoins permis de terminer sous les 4 heures. Je vois enfin les pom-poms et j’entends qu’on crie mon nom, une coureuse m’accompagne, j’entends 3h59mn et il me reste un dernier kilomètre à franchir avant d’être marathonienne.

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