J’ai l’impression de partir en vacances dès que je me prépare à aller nager sur la base de loisir de Torcy, je n’y trouve ni les fonds marins des eaux grecques ni le soleil enveloppant, et pourtant le trajet autant que le parcours des trois îles, tout me dépayse. Voilà, il m’a suffit de l’écrire pour avoir l’explication, il est question d’îles ici encore… Après la baignade avec Tim le samedi matin, c’est Jean-Paul que je retrouve gare de l’Est pour viser le train de 18h15, il fait 29 degrés et la gare grouille de monde comme pour un départ en vacances, je n’ai jamais connu cela sur un simple départ de train de banlieue. Nous arrivons sur place, Edwige et Estelle nous ont rejoints, de nombreux triathlètes sont déjà en train de se mettre à l’eau en discutant de leurs prochaines courses, j’entends parler d’Ironman, je regarde les profils sculptés, je me dis que j’ai du chemin à faire. Pour l’instant, j’ai trois îles à contourner pour nager l’équivalent de 1500m en prenant le plus au large possible, ce qui m’évitera de nager sur place comme samedi dernier afin d’atteindre la distance que je m’étais fixée. Je vais chercher la bouée la plus éloignée, au moment de la contourner je ne vois plus personne, ce qui en soit n’a rien d’inquiétant, mais je me dis que tout le monde est déjà loin devant en train de longer la dernière île. Je fonce alors directement sur la première île pour rattraper le retard que je viens de m’inventer et les autres qui sont en réalité partis plus au large encore que moi. Résultat, j’arrive à boucler le parcours certes sans embûche mais sur une distance de 1275m seulement.
Le samedi suivant, le vent s’est levé dans la nuit, il souffle encore violemment lorsque je me réveille à 7h. Je l’entends me siffler à l’oreille qu’il n’est peut-être pas prudent de se mettre à l’eau par ce temps tempétueux. Pour autant, je sais que je regretterai la seule occasion de nager avant la semaine prochaine si je ne la saisis pas. Le compromis est vite trouvé, j’irai en train comme jeudi, quitte a faire le trajet retour à vélo pour travailler la transition. Et qui sait si les ailes ne me pousseront pas pour finir par un léger footing dans le quartier une fois rentrée, avant de me poser avec satisfaction.
Il suffit parfois de penser à la satisfaction finale pour s’élancer, de même que se projeter sur la ligne d’arriver permet de garder le cap d’une course au moment où le moral flanche. La base de loisir est quasi déserte, très peu de triathlètes sont venus nager dans l’eau agitée, on se croirait presque dans une eau vive, sinon que l’on n’y voit toujours pas à un mètre devant soi. Je retrouve les sensations de la mer en me laissant ballotter par les vagues, rien ne sert de lutter, j’essaie de synchroniser ma nage sur leur rythme et j’avance. Encore une fois, je cherche à m’éloigner le plus possible des îles pour les contourner au large et augmenter la distance parcourue. J’arrive à 1406m, décidément. De dépit, parce que j’aurais voulu nager plus mais que les conditions ne sont pas non plus particulièrement favorables à l’entraînement ce matin, je décide de rentrer sur Paris à vélo. J’aurai mes 40km de sortie et l’occasion ici aussi de me mesurer au vent. Ce dernier me bouscule et chahute beaucoup tout au long des quais de la Marne, j’en ai plein les oreilles, je m’accroche au guidon pour ne pas être déportée par la bourrasque.
Bry-sur-Marne, le port de Nogent, Joinville, le pont de Charenton, Vincennes, enfin Paris. La fin du trajet me paraît interminable. Je suis tellement heureuse d’arriver à bon port que je décide effectivement de ne pas en rester là et je pars pour un très court parcours de course à pied, 5km pour finir en beauté. J’ai bravé par vents mais sans marées une distance à laquelle il manquait 100m de natation et 5km de course à pieds pour qu’elle soit olympique. Et la vitesse à vélo pour que je commence à me sentir vraiment à l’aise. Mais la satisfaction ce samedi à midi est là, bien là.