A quoi tient alors mon côté masculin sinon dans l’image que les gens ont de moi lorsqu’ils m’abordent comme un homme, dans la rue ou au téléphone, une erreur ou bien mieux que ça ? Lorsque ces gens qui ne me connaissent pas m’interpellent par un « Monsieur » et que je réponds « oui » parce que je me reconnais comme la personne que l’on sollicite à cet instant, est-ce moi qui fais un faux pas et sème la confusion ou eux qui se trompent sur mon compte ? Ni l’un ni l’autre, mon capitaine, je suis celui pour qui ils me prennent avant qu’ils ne reconnaissent celle que je suis également, si tant est qu’ils reviennent sur leur position, certains se gardent bien de le faire une fois que j’ai répondu par l’affirmative et ne se posent plus aucune question, le match se fait entre l’image qu’ils ont de moi et ce que je leur montre. La vraie question, c’est peut-être de savoir pourquoi j’ai envie de montrer un côté plus masculin alors que le féminin est sensé l’emporter chez une femme pour la mettre en valeur, parce qu’elle correspond aux clichés sur la femme qui rassurent sur la sacro-sainte féminité, sauf que je ne suis pas à l’aise avec les clichés et encore moins avec l’idée de convenir à ce que je ne ressens pas comme quelque chose de naturel, qui serait imposé par un autre que moi. Le masculin se révèle alors comme la liberté qui me permet de devenir qui j’ai choisi d’être, cet autre en moi qui ne désire rien d’autre que d’exprimer une autre facette de mon caractère là où le féminin m’est imposé sans distinction aucune par l’extérieur et m’enferme, m’aliène. Au-delà de mon physique androgyne, le masculin est ma décision et devient ce qu’à mon tour j’impose aux autres, ma manière d’être au monde parmi d’autres tendances, un réel révélateur. Peut-être n’aurais-je jamais accédé à ma féminité sans la puissance de ce révélateur masculin.