je suis amoureuse d’un marin des mers écrites
et mon cœur mal amarré le soir chavire quand
elle me fait le récit de ses folles traversées
sans calme plat ni ponctuation
c’est ainsi
qu’on apprend à l’école des semelles et du vent
la fièvre grimpe jusqu’à minuit et je l’attends
en lui tissant ce fil que je voudrais d’acier
pour l’habiller de ma patience car
son courage
pourrait bien prendre froid au prochain continent
qu’elle voudra inventer comme si c’était pour moi
si je m’en remets à la marée qui lui monte
à la tête
et lui ouvre ces portes cachées
nombreuses et invisibles pour moi pas le choix
je construis un port dans chaque entrebâillement
un havre pour que son rêve soit réalité
comme font les nuages pour distraire le soleil
je m’éclipse au matin pas à pas
je m’en vais
et j’emprunte à mon tour toutes les pages défrichées
où l’inspiration garde en abîme ses secrets
tous les jours à nouveau je retombe amoureuse
Photo : Georges Braque, « L’Estaque », 1906.
WordPress:
J’aime chargement…