Dix jours avant le triathlon distance olympique à Orléans, le premier d’une saison qui tarde à prendre ses marques depuis ma blessure, là je suis face à un mur, je dois me préparer à grimper. Alors je m’essaie à mon premier triathlon maison, ça commence par le sacro-saint trajet vélo vers Molitor que je n’ai pas effectué de toute l’année encore, enfin j’y suis, je m’y remets, soulagement et appréhension se mêlent, je ne crois pas avoir retrouvé ma forme olympique. Forcément je passe des heures enfermée dans les salles obscures à chercher des réponses aux questions que je ne me pose pas, ainsi dans En Corps j’entends un personnage reconnaître que On se blesse parce qu’on est blessé, je me dis mais oui bien sûr je ne fais que me blesser parce qu’à l’origine il y a la blessure qui entraîne toutes les autres, c’est l’origine qu’il faut travailler. Et ce gamin surdoué pour la danse hiphop dans Allons Enfants, la réplique, droit dans les yeux, Si t’as pas la déter, si t’as pas envie de tout péter, ben faut pas danser, voilà, bien dit gamin, sans détermination rien ne se passe ou alors tout reste pour de faux, quand on fait semblant, c’est la détermination qui change la donne, celle des ouvriers de la grève à Gdansk pendant l’été 80 dont parle Marguerite Duras ou celle de ce gamin que la passion rend fou, enflammé. J’ai l’impression de retourner à la course sur la pointe des pieds, ce qui m’agace prodigieusement, je traîne au lien de m’entraîner, pourquoi manquer d’entrain à ce point sinon parce que j’ai peur de dérouler le pied, je n’ai pas peur de la douleur, plutôt de son souvenir. Arrivée à Molitor, je nage avec et sans pull buoy, j’oublie qu’il y a peu je ne faisais que nager. Puis j’ai repris l’entraînement de vélo à l’occasion du stage de triathlon à raison de 80km tous les jours avant la satisfaction d’un col gravit plusieurs fois, je n’ai pas osé reprendre la course. J’ai profité de cette semaine de visite dans le Sud juste après pour ne faire que courir, doucement, en commençant par poser le pied sans le déroulé, en me fracassant tout le reste, mais en y retournant jusqu’à courir 5km à la fin de cette semaine avec des sensations agréables. Cette nouvelle semaine, je reprends le triple effort, je reste sur la distance de 5km en travaillant le fractionné court, 300 et 200 et 100m, histoire de lâcher prise sur l’appréhension dès l’instant où je me laisse enfin aller aux sensations grisantes de la vitesse. Je sais que mon corps peut.
J’admire beaucoup de choses dans ta plume. Tout d’abord, ta détermination dans le sport ainsi que l’appréhension que je devine derrière chaque mot. Ensuite, ta référence à Marguerite Duras. Quand tu dis que tu n’as pas peur de la douleur mais de son souvenir, c’est tout à fait ça. Le corps n’oublie rien , il garde toujours une cicatrice qu’il faut amadouer, parfois à force de la gratter, elle s’ouvre à nouveau cette blessure… Bon courage et surtout garde à l’esprit qu’il faut aussi que ça reste un plaisir et ça le corps, il aime bien.
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Merci infiniment pour tes encouragements et ta sagesse, chère Isabelle-Marie.
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