La librairie Violette & co figurait sur la liste que j’avais adressée à ma maison d’édition dont le service presse, mal renseigné, avait barré la ligne en mentionnant qu’elle était fermée définitivement, je m’étais dit que j’avais suffisamment à faire avec les librairies sélectionnées. J’ai profité d’un retour de la part de l’éditrice sur la liste des salons littéraires retenus pour l’informer de la réouverture prochaine de la librairie féministe, elle a promis d’envoyer le livre. La soirée de réouverture a eu lieu le vendredi 13 octobre, j’avais envisagé un passage éclair. Au détour de la rue Jean-Pierre Timbaud, je me suis entendu lâcher un « oh la vache » qui a fait rire un groupe de jeunes filles très branchées, la rue était entièrement bouclée par les flics et la foule d’une centaine de femmes s’était amassée devant le lieu « légendaire et contemporain », pour reprendre l’expression de Céline Sciamma lors de son hommage touchant le lendemain. Mille cinq-cents personnes ont assisté aux discours, lectures et concerts donnés lors de la réouverture de Violette & co, ce n’est plus un événement, c’est un véritable et fou phénomène. Le samedi après-midi, la réalisatrice projette au sous-sol de la librairie un court métrage intitulé « This is how a child becomes a poet », filmé dans la maison de la poète Patrizia Cavalli, décédée récemment et dont elle a lu des poèmes la veille, elle y raconte comment son regard fut happé chez la poète par la photo de Kim Novak et déclencha le souvenir de sa fascination pour l’actrice dans une scène où elle danse en frappant des mains, ce qui lui inspira un poème. Son premier poème d’enfant. Céline Sciamma se trouve à deux mètres de nous et raconte l’émotion du tournage maison, son émotion de présenter ce court-métrage de 16mn au festival de Venise, « pas celui des violeurs », celui du court-métrage, son émotion de nous en parler ici. Je remonte du sous-sol un peu chancelante et croise l’une des libraires, mon discours n’est pas rôdé et le courrier n’a pas été ouvert me dit-elle, ni tout le stock, les étagères sont à moitié vides. Elle prend les références, me demande de raconter mon livre, ma première chez Violette & co.

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