Les vagues, le vent, la pluie… le plaisir, la foule et les paysages sur six heures dix de triple effort ce dimanche 4 juillet aux Sables d’Olonne pour venir à bout de 1900m de natation, un peu plus de 90km de vélo et un semi-marathon avec 300m sur le sable mou. J’ai savouré chaque instant de mon triathlon longue distance à partir du moment où le départ m’a été donné depuis le rolling start par catégorie d’âge jusqu’à l’accélération finale sur le tapis rouge face à l’arche de l’Ironman dressée sur le remblai noir de monde. La seconde avant le départ, j’étais encore dans une appréhension désagréable parce que je n’avais pas pu charger ma montre et la météo annonçait de la pluie toute la journée. Lorsque la mer a ouvert ses bras au bout de la plage sur laquelle je me suis élancée au top départ, la peur et autres pensées parasites, tout s’est évaporé en un instant pour laisser place à un sentiment de liberté totale comme je n’en avais pas ressenti aussi fort. J’ai couru dans les premières vagues, il était 7h10 du matin, l’eau était à 18 degrés, j’ai commencé à crawler en mode water-polo parce que les vagues étaient énormes et j’ai gagné la première bouée avant de rejoindre la rade pour une longue ligne droite ensuite. C’est alors que j’ai paniqué, je ne trouvais pas mon souffle, comme lors du premier M. L’excitation du départ, la précipitation et le stress m’ont rattrapée alors que les nageurs autour de moi progressaient maintenant vers l’autre extrémité de la rade du Vendée Globe, sur les remparts de nombreux spectateurs étaient venus nous encourager déjà. Après un moment interminable de longues négociations désespérées avec moi-même, j’ai retrouvé le crawl et tenté de m’installer dans une nage plus confortable et sereine. Lors des entraînements à la base nautique de Torcy, j’étais précisément parvenue à m’améliorer sur le tour des trois îles en partant sans précipitation, j’ai fait le contraire en me laissant submerger par l’excitation, erreur de débutante que je garde bien en tête. Il va m’en falloir des traversées dans la baie de Tinos pour me familiariser avec les vagues, l’endurance et surtout la constance dans ma nage mais je m’y projette aisément. L’arche de sortie d’eau s’est dessinée au loin alors qu’enfin je prenais du plaisir à nager. Il s’est mis à pleuvoir alors que j’enlevais, sans encombre cette fois, le scratch de ma combinaison, j’ai pensé aux dernières sorties sous la pluie en vélo, j’ai presque souri. La partie vélo est celle dont je garde le meilleur souvenir parce que c’est aussi celle qu’au départ je redoutais le plus, je suis encore moins cycliste que nageuse et j’ai dompté récemment mon vélo de course, très exactement après ma première chute à La Panne. La pluie n’a pas redoublé non plus, elle a parfois fait place à de très légères éclaircies, en revanche le vent a été de la partie sur tout le trajet, y compris dans la forêt d’Olonne. Pourtant la joie et l’enthousiasme de rouler sur un trajet sécurisé aux paysages délavés m’ont transportée d’un bout à l’autre sans que je ne ressente de difficulté dans les montées, bien sûr j’aurais voulu passer le cap des 30km/h sur toute la distance mais la prudence restait de mise sur cette voie glissante, j’ai progressé à 28,6km/h de moyenne. J’ai réussi à me ravitailler correctement, les bénévoles et l’ambiance étaient formidables. Je n’ai pas vu arriver les premiers 30 kilomètres, on venait juste de partir et j’ai été surprise en voyant s’afficher aussi le seuil des 50km, j’ai franchi les 70km avec bonheur et à partir du 80e kilomètre j’ai trouvé la dernière ligne droite interminable alors que j’avais ressenti un pincement au cœur en passant le panneau des Sables d’Olonne pour mieux ressortir de la ville un peu plus loin et gagner la ligne d’arrivée plus loin encore. Je ramène mon vélo au bercail, bien plus satisfaite de ma course à vélo que de ma nage, et je ne passe pas la seconde transition à ranger ma chambre. A nous la course à pied…