C’est elle aussi qui a insisté pour que j’ajoute (encore) dans le titre parce qu’elle croit en moi. J’aurais tout aussi bien pu titrer « Comment j’ai (enfin) rencontré ma coureuse du canal au bord de la Marne », sauf que cela s’est aussi peu fait que de remporter un dossard contre Kipchoge. Et je me refais le film tout autant pour savoir comment j’ai pu éviter, voire tout faire pour éviter sciemment un événement pareil sans savoir que je passais à côté d’une réelle occasion unique, la chance de courir le marathon des JO à Paris 2024, la rencontre d’une personne merveilleuse. Pour le dossard de la course pour tous sur laquelle je devais prendre le départ dans le sas le plus lent, encore une fois je me suis vue piétiner sur place, frustrée, sans pouvoir courir vraiment sur ce trajet qui plus est assez court, la distance que je ne dépassais guère il y a encore un an lorsque ma faiblesse au bassin m’avait à nouveau bloquée, j’ai privilégié une vraie sortie le dimanche. Si j’avais su qu’il était si facile de s’inscrire pour le marathon en partant 19mn avant le champion, avec la possibilité de doubler les meneurs d’allure, alors bien sûr j’aurais attendu et fait moi aussi tout le tour du pâté de maison en haut des Champs-Elysées sous la pluie au lieu de rentrer chez moi pour regarder un film en échangeant des messages au chaud, pour autant cet évitement m’a permis de me positionner sérieusement sur mes propres objectifs de triathlon. Si j’avais su que le jour du 10km de Joinville, quelques mois seulement avant la crise sanitaire, pour une raison qui reste obscure, je l’intimidais et que pour cette raison elle n’avait pas osé me solliciter davantage, j’aurais fait le pas moi-même pour connaître son allure et courir avec elle. Comme moi, elle s’était inscrite sur cette course au parcours soit-disant plat le long de la Marne, sauf que de ce décor bucolique nous n’avons rien vu sinon des faux-plats insupportables par une chaleur accablante en ce mois de septembre, deux boucles de 5km pour finir, sans intérêt. Je ne me souviens plus si elle venue me demander à quelle allure je comptais courir ce 10km ou si, comme dans ses souvenirs, une autre coureuse lui a donné une information totalement fausse sur mes performances, la dissuadant de toute approche, toujours est-il que de mon côté j’avais fait la fête la veille et ne me sentais absolument pas en forme pour battre un record. Ainsi, dans mon souvenir, au moment où elle vient me voir, j’ai surtout peur de ne pas être à la hauteur et ne pas la suivre dans son propre objectif d’établir un nouveau record sur un 10km. Elle se souvient de m’avoir félicitée ensuite, je n’étais pas contente de moi, je ne le suis jamais. Pourquoi n’avoir pas donné une chance à cette rencontre, surtout en ce jour où je ne me donnais aucune chance de courir convenablement cette course, l’enjeu était ailleurs et je ne l’ai pas saisi, l’occasion ne s’est plus présentée ensuite, je n’ai pas fait sa connaissance, je l’ai souvent revue. Je me souviens d’un dîner où je note sa discrétion et son éducation, ses jolies manières qui construisent des affinités sur des codes communs, dont on aimerait certes se défaire mais qui en attendant nous rassurent et nous permettent de reconnaître l’autre comme l’un des nôtres. Lors d’une soirée, je reste à parler avec elle et d’autres, je me surprends à vouloir rester encore. J’ai tendance à m’attacher à ces personnes avec qui je peux rester des heures à parler, captivée, j’ai dû savoir sans le savoir qu’avec elle les échanges avaient toutes les chances de se prolonger.

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