L comme long, le format de triathlon auquel je me suis inscrite, le Half prévu le 5 juillet 2020, je suis large. L comme large justement, prendre la tangente et m’éloigner un peu des groupes au moment où ils se reforment, à la rentrée, tandis que j’aspire à rependre l’entraînement seule ou à deux, sans la pression du nombre et cette frustration de ne pas y retrouver mes objectifs. Dix mois de préparation avec un hiver qui sera concentré sur la natation lorsque les routes seront trop gelées pour sortir le vélo et que les sorties au stade le matin seront compromises. Dans un premier temps, l’automne sera placé précisément sous le signe des sorties longues, puisque les douze semaines de préparation marathon doivent nous emmener vaillamment jusqu’à Palerme pour y courir les 42,195km le 17 novembre. J’ai perdu le groupe dès dimanche dernier, lors de la première sortie longue. Je ne sais pas pourquoi cela m’arrangeait, j’ai fini par traverser une passerelle au-dessus du canal de l’Ourcq, un peu après Bobigny, personne du groupe n’avait rebroussé chemin parmi les plus rapides partis en tête, personne ne m’avait rattrapée non plus depuis que j’avais distancé le gros de la troupe au tout départ. Enfin, le printemps signifiera, avec le retour des beaux jours, le moment de m’attaquer au principal enjeu dans un triathlon de format long, à savoir les 90km de vélo, une première pour laquelle il me manque tout un pan d’expérience non acquise, des réflexes et de la puissance. Dix mois de préparation en trois saisons pour me sentir prête le jour J, être capable surtout de prendre un plaisir fou à participer au Half Ironman des Sables d’Olonne. Dix mois d’intensité.
L comme love. J’aurais aimé courir avec la fée foulée mais elle vole trop vite pour moi. Elle, cela fait dix mois que je la raconte de long en large, depuis le premier échange en automne, cela fera un an pile le 17 novembre, jour du marathon de Palerme, étrange hasard de la vie. Depuis la soirée givrée du nouvel an jusqu’aux retrouvailles estivales à mon retour de Grèce, en passant par le séjour ensoleillé à Nice et le trail des deux baies en plein vent du Nord, la course de la Saint Valentin et les quelques nouvelles échanges au gré des occasions créées. Elle m’accompagne en pensée dans la préparation du marathon de Palerme, ce sera mon premier marathon avec la championne dont la réputation est parvenue à mes oreilles bien avant que mes yeux ne découvrent une photo d’elle, cheveux courts, changement de coupe. Elle n’est pas celle qui m’attendait sur une ligne d’arrivée pour me féliciter, mais c’est avec elle que je veux m’aligner pour prendre un nouveau départ à deux pour mieux grandir ensemble et éprouver l’horizon qui s’offre à nous droit devant à l’aune de nos rêves partagés. Je ne suis pas celle qui lui promettra de la rassurer mais qui veut l’aider à trouver sa sécurité intérieure, comme moi la première j’ai fini par trouver la mienne au fil des pages et du partage, à force de multiplier les foulées loin de la foule, trouver mon élan et ma respiration. Un jour viendra où notre histoire aura un commencement et se sera enrichies d’anecdotes, d’improbables points communs au détour d’une découverte au hasard de nos pérégrinations, nous aurons approfondi les premiers échanges et nourri nos affinités originelles comme on retourne une terre pour y semer les germes qui donneront les fruits du potager à cultiver. Ensemble, nous avons, par à-coups et à tâtons au tout début, marché vers une ligne de départ dont il nous fallait d’abord tracer le trait pour départager le présent de ce qui sera l’avant, et marquer ainsi ce que nous envisageons pour ce qui sera l’après, une fois trouvé la petite musique qui nous ressemble et que nous reconnaîtrons ici ou là-bas, maintenant et ailleurs. Tout reste à écrire.