Une randonnée, deux sorties vélo et trois footings pour découvrir la beauté du Luberon, sortir de l’hiver et renouer avec des températures printanières qui font du bien partout. Mon corps et ma motivation étaient engourdis par le froid givrant au point que mon esprit engourdi ne réalisait pas la veille du départ quelle chance se profilait de pouvoir s’échapper un peu de la capitale sous couvre-feu et de la routine remplie de contraintes. Il faisait moins trois degrés lorsque je suis sortie dimanche matin le vélo à la main, comment peut-on être canadien et supporter un quotidien fait de températures négatives et de nuit précoce pendant des mois sans rechercher les premiers signes du printemps, j’imagine que dans ce contexte chaque sourire, le moindre lien humain réchauffe le cœur et la tête au centuple, la cohésion sociale doit prendre le pas sur le plaisir ici maintenant. Depuis l’église de Clignancourt, les chants religieux s’envolent dans le ciel livide, jamais je n’avais entendu raisonner la petite chapelle si tôt le matin et j’en suis émue. Quand la beauté enthousiasme, c’est tout l’environnement qui s’en trouve métamorphosé et de fait, je remarque à présent la quiétude de ma rue, animée seulement par le restaurant italien repris récemment et dont les travaux sont sur le point de finir. Au moment de partir, j’ai envie de faire un signe au coupe de siciliens pour leur souhaiter bon courage pour les derniers préparatifs dans l’attente de tester ce lieu qui m’est cher parce que je l’ai connu café puis lounge bar et restaurant italien pour la deuxième fois, j’ai bon espoir d’adopter un nouveau repère dans ce quartier que j’ai hâte de retrouver. Joigny, Aloxe-Corton, Chardonnay, Saulieu, Vonnas, Roanne, Valence, les lieux sacrés. La Nationale 7 n’a rien à envier à l’Autoroute du Soleil, elle reste la route mythique des vacances depuis que les parisiens ont eu le droit de descendre prendre le soleil à Menton. Ce soleil justement, si réconfortant au départ de Paris, s’est éclipsé une fois que les destinations d’Avignon puis de Cavaillon apparaissent, il s’en va donner de l’espoir ailleurs et la fin de trajet se déroule sous l’œil du Mont Ventoux et des cèdres dressés. Les cèdres sont l’emblème du Lubéron, ils façonnent son paysage et érigent sa fierté, leur taille en haut du massif montagneux m’impressionne, j’avais déjà gravi les quatre kilomètres depuis la départementale qui mène à Bonnieux jusqu’à la Route des Cèdres, mais c’était il y a presque quatre décennies et je n’ai pas le souvenir de ce raide sentier. La brume est omniprésente sur toute la montée, le Luberon était à peine dégagé depuis la maison de mes parents, on en distingue à peine le sommet mais les prévisions annoncent un ciel dégagé pour le déjeuner et il ne pleut pas, seule la rosée du matin qui perle depuis les branches permettent de se rafraîchir pendant une heure d’ascension entre les pierres et les feuilles qui changent d’identité à mesure que le ciel se rapproche enfin. C’est une fois arrivé sur la Route des Cèdres que la brume se dissipe doucement pour faire apparaître un lieu magique et envouté, le soleil chauffe, le ciel se dégage d’un coup. D’un côté la route mène à Ménerbes et de l’autre à Bonnieux, ce dernier village se dessine rapidement depuis les hauteurs du massif, avec son église en bas et celle en haut du rocher, de nombreux sentiers proposent de rejoindre par le haut ce joli point perché. Je me souviens de nos périples en voiture avec mes parents pour visiter tous les villages du coin et admirer les belles maisons construites sur la départementale et sur les petites routes bordées de bories dont je me suis toujours demandée combien de temps il avait fallu pour poser une à une ces pierres si parfaitement alignées pour protéger les mas.

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