Sous quelle lune es-tu née, Médée l’abandonnée ?
Pas sous la nouvelle lune inspirée par ta bulle,
quand la méditation ramène à la raison,
plutôt sous la lune pleine de morts préméditées.

Tombée amoureuse d’un adolescent fougueux,
tu as mis ta magie au service d’un voyage
en te voyant finir heureuse en convolage,
en oubliant l’enjeu pour un roi d’être dieu.

Ta nuit est-elle si noire que tu oublies les tiens,
pour l’amour d’un seul homme dont tu ne connais rien
sinon qu’il est avide d’un trône où parricide
et meurtre sont légions, une vie de trahisons.

Ton héros te promet de faire de toi sa reine,
tu es déjà déesse, magicienne et si jeune,
tu sacrifies tout ça pour les beaux yeux du roi,
jusqu’à même t’oublier, comme la lune t’éclipser.

Il t’a promis l’honneur au-delà des lueurs,
et t’a trahi dans l’ombre, a succombé, le comble,
tu étais son bras droit, le cerveau du combat,
la lune a toujours fait la part belle au soleil.

Tu provoques une armée, tu la fais s'entretuer,
tu tues l’otage, tu le dépèces, jettes les morceaux,
tu trahis, tu t’enfuis, tu tues, tu mens, tu suis,
j’en sais des lunes de miel moins cruelle que la tienne.

Photo : Marc Chagall, "L'Opéra", 1954.

2 réflexions sur “Mythologies d’hier, héroïnes d’aujourd’hui: Médée #1

Laisser un commentaire