Vacances, les vraies dont je rêve depuis plus de trois confinements déjà, une éternité. Un mariage puis une vraie coupure sur mon île et enfin le prochain challenge à Chantilly pour faire mieux que la première fois où je me suis essayée sur la distance olympique. Cela n’a rien à voir de se lever à 5h du matin pour partir en Grèce ou pour un triathlon, certes dans les deux cas on dort relativement peu mais l’excitation qui cause l’insomnie n’est pas la même selon que l’on se projette sur la plage au bout de la piste d’atterrissage ou, au contraire, que le parcours jusqu’à la ligne d’arrivée semble improbable, trop long, et surtout les vingt jours de vacances entre ces deux réveils aux aurores passent très vite. Lorsque je me réveille le 29 août pour m’aligner sur la distance olympique du triathlon de Chantilly, j’ai conscience de n’être pas préparée du tout et d’y aller en touriste, et c’est de circonstance puisque je profite de mon dernier jour de congé pour me réanimer. J’ai passé vingt jours à me prélasser, dorer et glander tout mon saoul là où il y a deux ans, pour la précédente édition de l’épreuve, j’avais profité de mes vacances pour nager. Bref, je joue les prolongations de la récupération après le Half-Ironman, en cela j’abuse. Certes, j’ai réalisé le meilleur temps en course à pied de ma catégorie mais j’ai ajouté quatre minutes à mon chrono de 2019, et si ma moyenne à vélo s’est améliorée de 4km par heure je n’atteins toujours pas les 30km/h de rigueur à minima sur cette distance. Par-dessus tout, je régresse en natation sans même vraiment paniquer dans ces maudites douves remplies d’algues et autres choses douteuses, non je rechigne à nager en crawl par peur de perdre mon souffle alors que je suis en train de trouver mon rythme sur les cent premiers mètres, par appréhension de la difficulté plus que par difficulté réelle. Soit. Je n’y suis pas. Je ne me suis pas projetée dans ce triathlon, mais alors pas du tout. Lorsque je me réveille le 9 août, je n’ai qu’une idée en tête et elle me donne des ailes, savourer ma première salade grecque et retrouver la saveur des câpres, de la fêta, le toucher de la nappe en papier rapidement accrochée à la table, le spectacle des ferrys. Alors je me suis délectée plus que prévu comme s’il s’agissait de sortir d’une période de restrictions en tous sens et trop intense, comme s’il fallait en rajouter dans le réconfort pour rendre hommage aux efforts supplémentaires fournis lors des trois confinements, comme si je n’avais jamais pris de vacances de ma vie et que c’était aussi les dernières. J’ai voulu revoir toute l’île et élargir l’horizon de mes souvenirs, être adoptée à nouveau.