Vacances, vacances enfin, envie de profiter de ce temps vacant pour tout pouvoir faire et surtout ne rien faire du tout, sinon profiter de tout ce temps devant moi pour en apprécier chaque instant. Si l’on m’avait dit que je commencerai cette période privilégiée en participant à un karaoké, jamais je ne l’aurais cru, et pourtant à l’occasion d’un rendez-vous pour préparer notre concert, il se trouve que nous sommes inscrites nous trois choristes pour chanter Zazie, J’envoie valser. Il suffit parfois de sortir le vendredi pour se sentir déjà loin, vraiment très loin de la semaine travaillée le samedi matin, c’est le sentiment avec lequel je me réveille lorsque je reçois son texto qui me dit qu’elle va courir, j’ai envie de changer mes habitudes et je retourne au stade, je n’y suis pas retournée depuis qu’un passe sanitaire est exigé pour y accéder, j’ai un objectif. Nice et son 10km au soleil, je dois me remettre au fractionné si je ne veux pas être ridicule, j’opte pour une séance de dix fois 400m comme je n’en ai encore jamais initié, alors j’accélère, des années lumières que je n’avais plus retrouvé cette sensation au moment de passer sous le seuil du 3’50 au kilomètre, lorsque je vois la vitesse s’afficher sur ma montre j’exulte sur place, cette même vitesse que j’ai atteint sur ce stade Max Roussié au moment de la fracture de fatigue. Pourquoi ce matin, après ce petit texto échangé pour partir courir en même temps, pourquoi aujourd’hui avant de profiter d’un week-end ailleurs qu’à Paris, pourquoi ce week-end après des semaines de compétition pour être un minimum à la hauteur, pourquoi maintenant alors qu’aucun enjeu à court terme ne me pousse à courir, pourquoi là maintenant tout de suite cet élan fou comme sorti de mon adolescence me pousse à tout donner jusqu’à l’étourdissement, j’écoute la musique à fond et dans mon fantasme je fais tout sauf courir, je brûle d’un désir fou. Je pars en vélo sans avoir bu un verre d’eau, j’ai regonflé les pneus parce que je sais que les chemins seront plus caillouteux qu’ailleurs et que je vais devoir redoubler de vigilance, de fait je connais le tracé par cœur jusqu’au parc de la Poudrerie et même après jusqu’à Claye-Souilly, mais pas après et le froid agissant sur mon cerveau je commence à croire que j’ai passé Meaux, je continue à pédaler en rase campagne sans plus rien connaître des chemins de halage qui me malmènent, je jongle entre la bouteille et les cadeaux que j’ai dans mon sac et le chaos sur la route qui semble vouloir me jeter dans le canal mais je tiens toujours bon, j’arrive à Trilbardou. Déjà, ce nom ! Deux fois, j’ai déraillé, pour une raison qui m’échappe je doute un peu du trajet. Alors je lui envoie un premier message sans avoir au préalable annoncé que j’arrivais à vélo. Ni une ni deux, elle me dit qu’elle met ses bottes et vient à ma rencontre sur le canal, je revis, je n’ai pas traversé quarante kilomètres dans la campagne pour rien, la direction est bonne, continuons, battons-nous contre les pierres qui me font dévier et mesurer ma fatigue physique, à un moment donné elle va apparaître devant moi et je saurai que je suis bien arrivée à bon port. Mes bras n’en peuvent plus de contrer chaque attaque de ce chemin de halage interminable, j’avance et soudain elle est devant moi alors je freine, je souris et je finis dans ses bras, heureuse.

Laisser un commentaire