Nous sommes parties du quai 44, mes chaussures de course sur piste et moi-même. Juste avant je venais d’envoyer une invitation à mon 344e contact et j’ai reçu sa réponse deux minutes avant le départ de la course, la photo était prise, il ne me restait plus qu’à arriver. Forcément, armée de chaussures de courses sur piste, je ne pouvais pas faire de prouesses ici. Quand bien même les astres s’étaient alignés précédemment pour m’offrir un semi en 1h44 et un 10K en 44mn, rien ne pouvait plus m’arriver de magique avec cette boue et ces dénivelés. Le trail des Griffons et ses 23 kilomètres en plein cœur de la forêt de Yerres avec une arrivée en fanfare sur le stade du club de la ville, était prévu depuis celui des deux baies au Touquet. Je voulais simplement m’assurer que vents et sable n’étaient pas toujours de mise en trail. C’était sans compter gadoue et grimpettes sur la plus grande partie d’un trajet sinon charmant. Mais quelle idée seulement d’être venue courir un trail exigeant en chaussures de piste, c’est comme de s’élancer pour un marathon en tong, j’ai à peine réalisé sur le moment, juste avant. Une fois que j’y suis, je n’ai plus qu’à lutter contre les flaques de boue qui s’enchaînent et me déséquilibrent, les dénivelés dans lesquels je manque de glisser en arrière dans les montées ou mal me réceptionner en descente, finalement les orties lorsque je veux dévier et cette forêt, hantée par l’idée d’abandonner, habitée par le chant des oiseaux et le sourire des bénévoles. Mes chaussures de piste et moi-même, nous nous accrochons aux encouragements et dévalons la dernière côte avant de nous envoler, couvertes de boues et déchirées de partout, vers la ligne d’arrivée dressée sur la piste du stade au milieu d’un nulle part qui m’est devenu plutôt sympathique à force de me perdre dans ses retranchements et courir vers la lumière du soleil. La douche dans les vestiaires déjà salis du stade me font l’effet du SPA le plus tendancieux et doux de l’univers, j’y reste le temps d’examiner mes égratignures et récupérer mes doigts de pieds gelés par les flaques de boue à répétition, j’y reste un temps fou. Mes genoux sont dans le même état que les chaussures de piste, à vouloir faire le cabri en descente, je les ai flingués. Je ne suis pas sûre en quittant le vestiaire d’être capable de reprendre un jour la course à pied. Et je comprends à l’instant pourquoi je ne me suis pas présentée la veille au concours d’écriture auquel j’étais inscrite depuis plus d’un mois, et qui consistait à se présenter à 16h30 à l’Alcazar pour présenter son texte face à un jury de trois personnes pendant dix minutes. Non seulement, j’avais répétition de chorale au même moment, mais c’est un faux prétexte. Certes mon texte des Lettres à une petite joueuse n’était pas finalisé non plus, mais il m’était demandé dans le cadre du concours de n’en déposer qu’un chapitre d’une dizaine de pages. Pour finir, ce n’était pas non plus mon premier concours, j’avais déjà publié une nouvelle. Seulement en allant au bout de la démarche, une fois franchie la ligne d’arrivée du texte jusqu’à son point final, je n’étais pas sûre de ne pas flinguer tout espoir de continuer à écrire.

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