Dix jour de confinement déjà et je n’ai jamais vu autant de nouvelles têtes, nouveaux voisins anciennes voisines chers lecteurs lectrices avides et jeunes collègues viennent renouveler l’environnement de ce mois de novembre décidément surprenant. Sept semaines depuis le Super Sprint du 8e où je me suis déplacée le bassin en poussant dans l’effort et je n’ai pu courir depuis qu’au prix d’une souffrance qui me paralyse, alors quand ce midi je me mets à courir prudemment et qu’au bout de trois kilomètres je ne sens toujours pas la douleur percer et me forcer à l’arrêt, je jubile et je me détends. Enfin ! Une lueur d’espoir, un tout petit mieux dans l’échauffement, je marche au retour. Je me délecte même dans une marche ample en m’étirant comme au réveil, en plein soleil de midi et on voudrait nous faire croire que nous sommes au mois de novembre, le mois des morts, sauf que je me sens comme au printemps de la vie moi, en plein éveil. Avant, je montais vers la rue Marcadet pour faire une boucle entre Guy Môquet et Max Dormoy, et respecter ainsi le périmètre autorisé de course à pied, à présent j’emprunte le boulevard des maréchaux et les ruelles désertes pour éviter les gens, les commerces et le regard méfiant de passants, je descends donc et me prive de la butte, j’y reviendrai. Le soir même, je monte autant que je peux la butte Montmartre depuis la mairie du 18e jusqu’au Sacré-Cœur, en passant par le funiculaire, les arènes de Montmartre, la place du Tertre tout en haut de ma rue, la rue des Abbesses pour profiter de l’animation et me laisser tenter par les devantures en ces temps de privation libertaire, la halle Saint-Pierre et le tumulte incessant de la rue de Clignancourt, contraste fou avec la rue Caulaincourt. Le soir, je pars en repérage d’une visite de Clignancourt en suivant le tracé des commerces de mon quartier, pour qu’ils ne ferment pas et qu’on les célèbre à la fin du confinement, à commencer par Amore de Francesca dont la pizza végétarienne me fait saliver, il suffit de passer devant la petite pizzeria de famille pour sentir la truffe et savoir qu’on sera accueilli ici comme en Italie par la petite dame que je vois devant, toujours. Ensuite, la Timbale rideaux fermés me rappelle qu’il n’y a nul autre carrefour aussi intriguant pour se poser et regarder passer depuis le haut de la butte jusqu’aux portes. J’ajoute la Patakrep à mon périple pour le plaisir d’avoir profité de la place Petrucciani pendant les jours heureux où la terrasse commune avec trois cafés a donné vie au quartier comme jamais auparavant, quel plaisir d’y avoir diné la veille du confinement. Je remonte la rue Duhesme jusqu’à l’Etoile Montmartre, ce carrefour autrement si vivant, je le trouve rideaux fermés sinon le tabac de la Divette, ici on retient son souffle. Je poursuis rue Caulaincourt par Le rêve et Le Cépage, les boulangeries me sourient. Tout le long de la rue des Abbesses, les commerces tentent de simuler la vie d’avant. Les terrasses semblent s’en sortir sans les touristes, en tout cas elles font tout comme, dans mon imaginaire aussi, la place des Abbesses grouille de monde et un violoniste fait danser les passants tandis que l’église Saint-Jean attire les badauds par sa singularité. Vue d’en bas, la rue Foyatier et ses 220 marches s’étale sans vergogne aux côtés du Sacré-Cœur, les fervents adeptes des escaliers s’en donnent à cœur joie et j’ai envie de les suivre quitte à me poser au Corcoran, seulement le pub aussi a été obligé de fermer, alors je remonte les marches tranquillement jusqu’à me retrouver dans ma rue, en haut.

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