Je suis rentrée du Super Sprint du 8e à la fois médaillée et dans la douleur. Chaque pas que je faisais pour rentrer chez moi me reposer de l’épreuve me punissait d’avoir participé au triathlon XS alors que je souffrais d’une lombalgie depuis la veille. Je me suis effondrée sur mon lit en me demandant si je pourrais à nouveau courir un jour tellement je me sentais handicapée, incapable d’avancer sans me tordre de douleur, à un peu plus de neuf mois du Half-Ironman je me suis accordée un petit temps de répit. Après tout, je pouvais bien ne plus courir pendant tout l’automne, pourvu que je me mette enfin à rouler, comme si j’avais provoqué l’occasion de ne plus reporter au printemps cette urgente nécessité d’apprendre à dompter mon bolide de chasse 2 roues, j’avais à présent tout loisir de me consacrer à la discipline phare du triathlon pour arriver au mois de juillet capable de donner le meilleur de moi pendant trois heures en selle. Mais pour le moment, je ne tiens même pas trois minutes debout, la douleur me lance et je repense à ma poursuivante pendant la course à pied, qui m’a raconté après coup m’avoir vu en difficulté sans pour autant pouvoir me doubler jusqu’à la ligne d’arrivée. Ma médaille signée Poilâne trône au-dessus de toutes les autres, victoire de la lombalgie. Je ne bouge pas de chez moi, je ne marche plus ou à peine, le temps de faire quelques courses ou aller à la chorale, quelques kilomètres qui me demandent un effort effarant. Le premier jour je parviens à 2km, puis 3 et 5km, il me faut un jour de repos entier avant d’atteindre 10km de marche à pied le lendemain et me reposer à nouveau de cet effort qui me paraît intense, et je me demande comment je parviens à me lever du lit dès 7h pour me trouver dans le bassin quelques minute plus tard et enchaîner une journée ainsi. Les terrasses que je traversais en deux foulées au début de mon parcours de course à pied, cette semaine je m’y engouffre en me demandant comment je vais m’en sortir de cet enchevêtrement de chaises et de serveurs, j’ai peur que quelqu’un me rentre dedans. Car j’avance oui, c’est une certitude, disons que je ne recule pas, mais à quelle vitesse, elle me paraît loin cette dernière épreuve où j’ai encore pu avaler mes 2,5km en 10mn17s et pourtant chaque pas que je fais me la rappelle en m’immobilisant de douleur avant d’allonger à nouveau mon pied en avant tandis qu’au loin l’horizon en soleillé et ma destination finale n’en finissent pas de s’étirer, je suis rendue à l’ici, et ce éternellement. Là-bas, il y a mon vélo, prêt à partir si je daigne en maîtriser la technique, il m’attend dans l’entrée et l’autre dans la cave pour rouler plus tranquillement partout dans Paris. Là-bas, il y a aussi la première piscine à moins d’un kilomètre et son bassin vide de tout nageur à mon arrivée tôt le matin, l’autre piscine et son chaos de nageurs dans les lignes. Et entre ici et là-bas, toute une batterie à recharger avant d’attaquer la prochaine saison.

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