J’ai été enfin projetée directement dans la montagne bourbonnaise du parcours vélo de l’Ironman Vichy 70.3, à savoir 90 km et 1000m de dénivelés, au moment où Vincent m’a confirmé que la natation était annulée à cause de la pollution du lac de l’Allier suite aux récents orages, et en effet depuis les quais l’eau ne donnait pas envie du tout de se frotter à ses courants. Mon camarade de club était également aligné aux Sables mais je n’avais pas eu la chance de le croiser, il me retrouve dans la queue au moment de retirer mon dossard, tout joyeux et heureux. Je n’étais pas non plus déçue de ne pas nager, pour cette saison mon quota d’algues est atteint. Le départ de l’épreuve s’est déroulé comme celui d’un contre la montre à vélo, soit un départ de quatre concurrents toutes les sept secondes par ordre de dossard, le numéro étant attribué par ordre d’arrivé au point de retrait, pour moi le vendredi et non le jeudi, j’étais dans les derniers. Je suis donc partie à 8h17, dix minutes après Laurent Jalabert, reconverti au triathlon pour sa retraite du cyclisme, et qui au micro de l’animateur a fait la bourde d’affirmer que sans la natation il ne s’agissait plus d’un triathlon, on l’a vite laissé partir pour rectifier le tir et préciser que si, notre épreuve consistait toujours en un triathlon simplement amputé de la natation, point. Pendant les premiers kilomètres de vélo, j’ai retourné la question dans tous les sens pour savoir ce qui distinguait un triathlon sans natation d’un duathlon, sinon la préparation puisque la natation demande beaucoup d’entraînement pour savoir nager longtemps sans trop se dépenser. Puis la première côte est arrivée avec 6% d’effort sur plusieurs kilomètres, je n’ai plus réfléchi. J’ai chevauché mon vélo sur le dénivelé et les virages comme si la fin de la pente signifiait un décollage vers la destination satisfaction à vie et reconnaissance éternelle, j’ai tout donné, tout. Et c’est à ce moment-là qu’un petit malin, dont j’apprendrai pour l’attendre sur la ligne d’arrivée qu’il s’appelle David, m’a interpellée en me demandant si j’étais fâchée avec le petit plateau, eh bien non mais voilà, les quelques fois où je m’y suis essayée comment dire, j’ai déraillé. Bien sûr, je ne réponds pas, je poursuis ma progression et j’arrive à bout de cette première côte sans être au bout de ma vie non plus, heureusement il en reste trois devant moi et un semi-marathon à courir, je suis plutôt contente et surtout, les paysages au sommet sont sublimissimes. Je ne sais plus à quel moment nous passons pas Saint-Yorre, mon eau préférée entre toutes. Toujours est-il que la deuxième côte est interminable, une succession de côtes suivies de plats et de retours en côte sans savoir vraiment s’il y aura une fin à ce calvaire, je récupère en plat. Bien sûr aussi, je me pose la question de savoir si je m’essaie au petit plateau, mais non hein. Nouvelle rencontre, Arthur m’encourage en pleine montée, je le trouve adorable et l’encourage à mon tour avant qu’il ne s’éloigne, nous nous retrouvons quelques kilomètres plus loin, il descend plus vite que moi, je le double une dernière fois en montée, on se promet une bière. Arrive la troisième côte et pour le coup la pire, celle du village du Mayet-de-Montagne, pareille aux cols que l’on voit lors du Tour de France avec des lacets en enfilade, j’y vais, j’enfourche. Et je fais une dernière rencontre, comme si je donnais envie que l’on me parle en plein effort. Cette fois-ci, le type est clairement frustré que je le double en plein ascension, je me dis qu’il est en train de plaisanter mais non, il semble me reprocher d’avoir motorisé mon bolide de vélo. Eh non, mon gars, tu le vois mon visage trempé de sueur et la buée sur mes lunettes, je souffre. Plus personne ne vient me solliciter sur la quatrième côte et c’est tant mieux, j’ai hâte d’arriver. Qui vient me saluer pendant la transition course à pied alors que je change de chaussures ? Arthur, que je croise une dernière fois dans les trois derniers kilomètres avant la ligne d’arrivée. Le semi-marathon n’en finit pas de dérouler les berges de l’Allier sur des kilomètres infinis d’un parcours que je ne parviens pas à courir faute de jambes, j’ai tout laissé sur le vélo, tout, je finis en deux heures en évitant les crampes et la douleur, j’ai eu mes quatre cols et c’est tout ce qui m’importe, avec la médaille évidemment alors je m’accroche pour aller la chercher, Vincent me croise au moment de la dernière ligne droite, il est aussi lessivé que moi et hilare. Et pour finir avec ce fameux David, nous courons le dernier kilomètre ensemble, il s’excuse pour sa boutade et me donne des conseils pour utiliser le petit plateau la prochaine fois tout en me félicitant pour mon temps en vélo dans ces conditions, 3h15, comme aux Sables avec côtes.

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