La deuxième journée sur l’île fut marquée cette fois-ci par un déluge de pluie auquel nous ne nous attendions pas au moment de notre nouvelle baignade dans une autre partie de la rivière, toujours plus en amont de la rivière, vers les cascades. Ruisseau, rivière, fleuve, mer. Notre prochaine escapade vers l’océan n’était plus loin. En attendant, un simple crachin breton par cette chaleur exotique n’aurait presque pas été de refus, mais ce sont plutôt des trombes d’eaux qui nous sont tombés dessus comme le jus de noix de cocos que des singes nous auraient balancé dessus du haut d’un arbre. De retour dans mon quartier, la pluie m’a surprise en pleine marche et alors que je venais d’atteindre ma première étape sur le quai de Seine pour voir la programmation au Mk2 de ce côté-ci du canal que je préfère, une véritable mousson s’est abattue à mon arrivée. Un spectacle sidérant, le bruit de milliers de tambours frappant d’un seul rythme et les gouttes ricochant à la surface du canal dont l’eau reflétait un ciel quasi bleu, impassible. Si j’avais été en maillot de bain, j’aurais continué à marcher mais là, en pleine capitale. Je me suis contenté d’en prendre plein la vue et les oreilles en m’abritant autrement que sous la feuille d’un bananier et j’ai repensé à notre escapade à travers la jungle, la pluie, j’ai repris la marche sous les dernières gouttes en décidant d’aller récolter dans une grande surface ces fameuses amandes grillées non salées que nous n’avions pas trouvé. La jungle urbaine semblait s’être calmée sous l’effet torrentiel de la pluie, j’ai pu avancer sans encombre ni imprévu le long du quai de Valmy jusqu’à incliner en direction de la place de la République, sauvage et intrigante à la fois, et poursuivre vers la rue Rambuteau voir quels sont les films à l’affiche dans ces salles un peu plus intimes. Je sais exactement dans quelle boutique trouver les amandes qui ne seront ni décortiquées ni fumées et encore moins salées, juste grillées comme il faut, et je fonce en me réjouissant à l’avance du plaisir que pourrait procurer cet apéritif au moment de se poser pour dîner en tête à tête, comme un clin d’œil à toutes ces autres amandes que nous avons gouté, préféré, dévoré ou détesté avant d’être d’accord sur la même recette. Le soleil était au rendez-vous lorsque je suis sortie du magasin, j’ai tracé vers Opéra. Après la touche salée, il me fallait la touche sucrée pour nous unir au même parfum. Quoi de mieux que celui de la vanille qui fait le secret des meilleurs ours à la guimauve de tout Paris, il me fallait donc poursuivre sur Haussman jusqu’à la place des Ternes. Déjà, je sentais la douceur et la craquant du chocolat au lait fondre dans ma bouche au moment de croquer dans la guimauve onctueuse et gourmande, la minute d’avant mon esprit était encore accaparé par la saveur si enivrante des amandes presque torréfiées. Le chemin du retour vers la petite et désormais incontournable place Petrucciani achevait de boucler ma boucle en traversant le 17e arrondissement par la rue Cardinet, mes victuailles à l’abri de la prochaine averse et mon cœur au chaud à l’idée de la soirée.

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