Une envie, celle de connaître mon désir pour découvrir ce que j’aime, savoir ainsi qui je suis. Qui je suis, ce que j’aime et après quoi je cours tout ce temps où je n’aime pas ce que je suis, c’est ce que je découvre à vingt ans dans la course à pied sans même l’avoir décidé vraiment. Un soir, j’enfile un jogging et une paire de baskets usées pour aller faire le tour de la Marne par le pont de Bry jusqu’à Neuilly-Plaisance puis retour au Perreux-sur-Marne, c’était ça où je finissais suffoquée devant une copie dont je n’arrive pas à noircir la page, crise de panique. Ma première crise de panique du jour au lendemain, ce que je suis je n’aime pas parce que je suis incapable de m’identifier à tout ce qu’on veut que je sois et je ne suis rien d’autre que ça, à croire que je n’ai aucune idée de ce que je veux devenir, une coquille vide, la page blanche, pire même, aucun retour envisageable vers ce qu’on attendait de moi, je rejette tout en bloc. Me voici donc face à du vide à remplir, un néant dont la bouche béante s’ouvre face à moi dans toute son immonde largeur, moi qui suis incapable de la moindre réaction sinon de trembler de tout mon corps, mon cœur s’est désagrégé sur place, l’air ne parvient pas à mes poumons, je ne sais plus comment respirer, pire encore car au seuil de ma nouvelle vie le pire est à venir, le pire est avenir, je ne sais pas que le vide ne se remplit pas, qu’il faut le traverser. J’écoute Queen, tous les titres de l’album dans le même ordre tous les soirs, je ne suis pas au même repère géographique pour chacun des titres, sortie après sortie, j’ai beau emprunter le même parcours jamais le chemin n’est le même, l’état d’esprit non plus je constate cela aussi.

4 réflexions sur “Genre #3.1.3

  1. Il devient évident que la course à pied et le bouddhisme vont de concert. La vacuité de l’esprit est le constat qui surgit parfois avant la ligne d’arrivée. La peur est à la fois résistance et porte battante. Toute la question est de lui dessiner un visage, d’établir une relation avec elle qui ne fasse pas tout exploser en vol. Amadouer la peur par la course, par le dessin, la peinture, l’écriture. Cet effort ne sauve sans doute de rien. C’est la beauté du geste qui compte non ? L’expression. C’est atteint ici. Attention à ne pas se cogner la tête en se saluant mutuellement ! Belle journée !

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