Reprenons depuis le début cette journée du 22 mai 2022, il est 4h du matin quand le réveil sonne ou plutôt, le veilleur de nuit frappe à ma porte, il est 3h56 et je me dis quelle classe cette Maison, j’avais simplement demandé s’il était possible de profiter d’une bouilloire pour boire un café. J’ouvre la porte, un grand sourire face à moi et un café servi sur un plateau, ça s’annonce bien. La veille de mon Half-Ironman, j’ai fait déborder la baignoire au moment où je voulais me détendre, inondées les tomettes provençales, et une crampe m’a tenue éveillée pendant la nuit. Je me réveille débarrassée de ce qui pouvait m’arriver de pire, couler en plein milieu du lac, une baignoire s’en est chargée, souffrir d’une crampe pendant la course à pied pour ruiner toute chance de franchir la ligne d’arrivée, je me lève et marche à l’aube sur les tomettes séchées et je ne sens plus la fracture au métatarse, comme si la crampe l’avait chassée, moi ça m’arrange. Le départ de la natation se fait au lac de Peyrolles à 6h30, j’arrive dans le parc à vélo à 5h30 pour regonfler mes pneus, Storm semble être en pleine forme à son emplacement numéro 1838, je l’alourdis de mes deux bidons d’eau, on ne dit pas gourde parce qu’il s’agit d’un porte-bidon. J’enfile la combinaison, je rentre dans le lac pour prendre la température de l’eau, elle est bleue. C’est incroyable, je ne ressens aucun stress, je suis excitée et très émue, je me sens quasi prête et je vis le moment dans une intensité amplifiée, le soleil se lève et nous offre un paysage extraordinaire au moment où les pros hommes puis femmes prennent le départ, ça part très vite ensuite pour les groupes d’âges, six athlètes toutes les six secondes, je pars en crawl direct, oui. Ma nage n’est pas aussi constante qu’une semaine avant à Orléans où je mouline des bras comme une machine sur deux temps, là j’ai besoin de reprendre mon souffle, on est nombreux. Je sors de l’eau et je me dis, t’es dedans t’as fini la natation c’est génial continue comme ça. Transition vélo pas trop mal gérée, je suis ravie de partir avec mon vélo comme si je le retrouvais une saison plus tard, l’année dernière à la même date, j’en étais à clipser-déclipser. Le trajet sent bon le pin, les cigales chantent, la montagne Sainte-Victoire est omniprésente, elle apparaît et disparaît au gré du périple depuis le lac vers le centre-ville d’Aix-en-Provence. Quand je pars pour la course à pied, je sais que j’ai passé le cap le plus dur qui était pour moi le col du Cengle, à la limite je peux marcher jusqu’à la ligne d’arrivée, moi je m’attendais sur la montagne, là où je ne m’étais jamais osée et ce cap je l’ai passé haut la main alors le reste. Sauf que non, maintenant que j’y suis, je n’ai pas coulé et je ne souffre d’aucune crampe encore, c’est pour aller chercher ma médaille donc je me mets à trotter tout doucement pour repérer les aléas de la première boucle, nous courons notre semi-marathon sur trois boucles de 7km en plein centre-ville et il fait chaud, nous sommes aspergés à trois reprises, des glaçons sont prévus. Aix-en-Provence est une ville tout en faux-plat donc ça monte et ça descend, tout le temps. C’est une journée spéciale, mon cœur bat fort, je m’accroche et je m’offre un sprint à l’arrivée.

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